(Paris) Deux mois après l’échec du rapprochement avec Couche-Tard, Carrefour a annoncé mercredi renforcer sa place de numéro un de la distribution alimentaire au Brésil, avec le rachat de Grupo Big pour 1,1 milliard d’euros.

À la Bourse de Paris à 5 h 30, le titre Carrefour prenait 0,78 %, à 14,86 euros, dans un marché en légère baisse.

« Notre groupe est à l’offensive » et cette opération « s’insère parfaitement dans la stratégie de croissance externe du groupe, centrée sur la consolidation de nos marchés clefs », a mis en avant le PDG Alexandre Bompard, cité dans le communiqué.

Cette opération est la plus importante depuis son arrivée à la tête du groupe en 2017.  

En janvier, M. Bompard avait essuyé un refus catégorique du gouvernement français face à la proposition de rapprochement de Couche-Tard, qui aurait valorisé le groupe français à plus de 16 milliards d’euros (hors dette).

En présentant ses résultats annuels mi-février, Carrefour avait dit vouloir « se positionner en consolidateur naturel là où il est présent ».

C’est donc au Brésil, pays où il est actif depuis 1975, que le groupe a décidé de se renforcer, en rachetant Grupo Big - anciennement Walmart Brazil - qui exploite un réseau multiformat de 387 magasins et est le troisième acteur de la distribution alimentaire.

La filiale brésilienne de Carrefour exploite de son côté 489 magasins dans le pays, et dit « servir actuellement » plus de 45 millions de clients.

« Cette opération fait du sens. L’état de trésorerie du groupe est bon, il est armé pour des opérations extérieures. Et c’est toujours mieux de se renforcer où on est fort, plutôt que s’éparpiller partout dans le monde », a commenté pour l’AFP Yves Marin, expert du secteur de la distribution au sein du cabinet Bartle.

Il ajoute que « l’Amérique du Sud a toujours été une terre historique pour Carrefour, et aussi une terre de bataille avec Casino », son rival, numéro deux au Brésil, qui se retrouve encore plus distancé après cette opération.

Synergies « dès la première année »

Le chiffre d’affaires combiné entre Grupo Carrefour Brasil et Grupo Big s’élève à environ 100 milliards de réals, soit quelque 15 milliards d’euros. Ensemble, ils détiendront 876 magasins, pour environ 137 000 collaborateurs.

« Les deux groupes offrent une forte complémentarité géographique, et la transaction étendra la présence de Carrefour Brésil dans des régions où il a une pénétration limitée, telles que le nord-est et le sud du pays, et qui recèlent un potentiel de croissance important », met en avant Carrefour dans son communiqué.

Dans ce pays « au potentiel de croissance important », la transaction offre un potentiel de synergies significatif « dès la première année, se renforçant progressivement pour atteindre une contribution nette au BAIIDA de 1,7 milliard de réals (un réal = 0,2349 $ CA) additionnels en base annuelle, 3 ans après la réalisation effective de la transaction ».

L’opération, d’un montant de 1,1 milliard d’euros, sera réalisée à 70 % en numéraire et à 30 % via des actions Carrefour Brésil nouvellement émises.

« Avec cette transaction, Carrefour Brésil aura investi plus de 15 milliards de réals depuis 2019, contribuant directement au développement social et économique du pays, avec notamment la création de milliers d’emplois et de débouchés pour les producteurs locaux », affirme le groupe.

Il indique que l’opération reste soumise à l’autorisation de l’autorité de la concurrence brésilienne (CADE), ainsi qu’à l’approbation des actionnaires de Carrefour Brésil. La finalisation est attendue en 2022, est-il précisé.

Présent dans plus de 130 pays, Carrefour s’appuie sur un réseau mondial de plus de 13 000 magasins. Il compte plus de 320 000 salariés.

En 2020, il a réalisé un chiffre d’affaires de 78,6 milliards d’euros, en progression (en comparable) de 7,8 %. Son résultat net part du groupe a baissé de 43 %, à 641 millions d’euros, contre 1,129 milliard d’euros en 2019 où il avait été gonflé par des recettes de cession en Chine.