(Montréal) Après une année à se pencher sur son recentrage vers les services d’ingénierie et la gestion de projets, SNC-Lavalin souhaite accroître sa présence dans le marché américain où l’administration Biden veut délier les cordons de la bourse pour stimuler la relance économique.

En marge du dévoilement des résultats du quatrième trimestre et de l’exercice, mardi, le président et chef de la direction de la firme d’ingénierie et de construction, Ian Edwards, n’a pas caché qu’il s’agissait d’une de ses priorités pour l’année en cours.

« Nous estimons qu’il y a des occasions pour accroître notre exposition au sud de la frontière et nous croyons que des projets de loi beaucoup plus importants en matière d’infrastructure pourraient être adoptés sous l’administration Biden », a-t-il dit dans le cadre d’une conférence téléphonique avec les analystes.

Le plan de relance économique de 1900 milliards US proposé par le 46e locataire de la Maison-Blanche, qui comprend des dépenses massives pour soutenir notamment des projets d’infrastructure et d’énergie verte, devrait être soumis au vote final mercredi auprès de la Chambre des représentants.

En 2020, SNC-Lavalin a réalisé 20 % de ses revenus annuels de 7 milliards aux États-Unis, son troisième marché en importance derrière le Canada et le Royaume-Uni. L’effectif de la multinationale québécoise est d’environ 5000 employés dans le marché américain.

« C’est par la croissance interne », a souligné M. Edwards, en réponse à un analyste qui lui a demandé si SNC-Lavalin pourrait envisager des acquisitions pour réaliser ses ambitions aux États-Unis.

Les secteurs des transports, du nucléaire et de l’environnement constituent des avenues de croissances pour la société, selon son grand patron.

Depuis qu’il a pris les commandes de l’entreprise de manière intérimaire, en juin 2019, M. Edwards a décidé de délaisser les contrats de construction à prix forfaitaires, pour lesquels les promoteurs absorbent généralement les dépassements de coûts.

Lourde perte

Au quatrième trimestre terminé le 31 décembre dernier, la perte nette de la multinationale établie à Montréal a plus que doublé pour s’établir à 702,7 millions, alors qu’elle avait été de 292,9 millions au cours de la même période en 2019. Les revenus se sont contractés d’environ 14 %, à 1,7 milliard.

SNC-Lavalin avait mis la table le mois dernier en annonçant la vente de ses activités pétrolières et gazières à Kentech Corporate Holdings. Elle avait signalé qu’une charge de 480 millions serait comptabilisée au dernier trimestre de l’exercice à la suite d’un examen approfondi des contrats à prix fixe du carnet de commandes, d’une révision à la baisse de ses réclamations commerciales et d’une réévaluation à la hausse de ses dépenses.

En dépit de cet avertissement, le titre de SNC-Lavalin a abandonné 6,07 %, ou 1,61 $, pour clôturer à 24,90 $, à la Bourse de Toronto. Les analystes sondés par la firme Refinitiv tablaient notamment sur un chiffre d’affaires plus élevé, à environ 1,9 milliard — soit plus que ce qui a été livré par la firme.

Le segment des services d’ingénierie, la nouvelle pierre angulaire de l’entreprise, a représenté 1,52 milliard du chiffre d’affaires total du quatrième trimestre, en baisse de 3,2 % par rapport à la même période il y a un an.

« Nous croyons que ce secteur devrait être au cœur des préoccupations des investisseurs à l’avenir, car la vente du secteur (pétrolier et gazier) devrait se concrétiser au deuxième trimestre tandis que le poids des contrats forfaitaires devrait diminuer », a souligné Sabahat Khan, de RBC Marchés des capitaux, dans une note envoyée à ses clients.

À la fin décembre, quatre contrats à prix forfaitaires représentaient environ 1,8 milliard du carnet de commandes, dont le total était estimé à 13,2 milliards.

Trois de ces projets se trouvent au Canada : le Réseau express métropolitain — où SNC-Lavalin mène le consortium chargé de la construction — ainsi que les contrats pour le train léger sur rail Eglinton (Ottawa) ainsi que celui de la ligne Trillium (Ottawa). SNC-Lavalin souhaite toujours négocier avec les promoteurs dans le but de récupérer une partie des pertes qu’elle attribue à la pandémie de COVID-19.

« Le fardeau de la preuve repose sur nous, a dit M. Edwards. Nous devons compléter le processus, j’espère grâce à des négociations plutôt que (par d’autres mécanismes). »

Pour l’exercice, SNC-Lavalin a vu ses revenus décliner de 8,25 % à 7 milliards. La perte nette s’est chiffrée à 965 millions, comparativement à un bénéfice de 328 millions en 2019.