(San Francisco) Charlotte Newman, une cadre afro-américaine chez Amazon, a déposé plainte lundi contre le géant des technologies qu’elle accuse de la payer moins que ses homologues masculins blancs et d’entretenir un climat de discrimination tel qu’un collègue s’est « senti libre de la harceler sexuellement ».

La plainte consultée par l’AFP détaille les efforts de Mme Newman, employée d’AWS, la branche de cloud (informatique à distance) du groupe, pour alerter sa hiérarchie en interne sur les préjugés racistes et sexistes qui pèsent sur les femmes noires au quotidien et sur leurs carrières.

« Le comportement discriminatoire d’Amazon n’était pas limité au fait de payer Mme Newman moins que ses pairs blancs et de ne pas la promouvoir pendant des années après qu’elle avait déjà pris des responsabilités supérieures », notent les avocats.

« Un collègue masculin plus haut placé s’est aussi senti libre de la harceler sexuellement, parfois même en public, ce qui démontre la position vulnérable de Mme Newman au sein de l’entreprise. »

En octobre dernier, quatre mois après qu’elle eut rapporté les faits de harcèlement – des attouchements physiques, des avances déplacées et des remarques insultantes –, le coupable a été licencié.

La plainte mentionne aussi les circonstances qui ont participé de la décision de Charlotte Newman à engager des poursuites : le découragement de nombreux collègues afro-américains qui se sentent dévalorisés, voire harcelés, et le contexte politique aux États-Unis.

« Mme Newman ressent la nécessité de s’exprimer à la lumière des manifestations récentes contre des exemples déchirants d’injustice raciale, y compris les meurtres de Breonna Taylor le 13 mars 2020 et de George Floyd le 25 mai 2020. »

Ses avocats évoquent aussi un article récent paru sur Vox, intitulé : « Préjugés, manques de respect et rétrogradations : les employés noirs déclarent qu’Amazon a un problème racial ».

Des salariées afro-américaines, dont Mme Newman, reprochent à Amazon de les avoir embauchées à un niveau de poste inférieur à celui pour lequel elles avaient postulé.

Selon la plainte, en septembre 2019, des employés noirs « étaient si démoralisés par le manque d’attention accordée à ces conditions aussi ouvertement inégales, qu’ils ont rédigé un long mémorandum avec des propositions très détaillées pour contrer les déséquilibres fondés sur les origines ethniques et le genre ».

« Amazon travaille dur pour favoriser une culture d’entreprise diverse, équitable et inclusive, et ces accusations ne reflètent pas ces efforts ou nos valeurs. Nous ne tolérons pas la discrimination ou le harcèlement d’aucune sorte », a réagi un porte-parole du groupe de Seattle.

« Nous sommes en train d’enquêter sur les nouvelles accusations mentionnées dans ces poursuites ».