(Toronto) Les grandes banques canadiennes dévoileront cette semaine leurs résultats financiers, et les analystes seront en quête d’indices sur la manière dont leurs dirigeants entrevoient la reprise économique.

L’analyste John Aiken, de Barclays Capital, affirme que les dirigeants des principaux prêteurs au pays offriront probablement un aperçu de la relance dans différents secteurs avec, par exemple, les emprunts hypothécaires, les dépenses effectuées par carte de crédit et les prêts aux petites entreprises.

« Avec le marché immobilier qui se porte exceptionnellement bien, il s’agit d’un domaine où nous espérons voir de la croissance. Évidemment, les dirigeants ont une bien meilleure visibilité quant à quoi s’attendre », a-t-il affirmé en entrevue.

« De l’autre côté, avec l’économie en bonne partie confinée, les individus ne dépensent pas autant, et nous voyons même les soldes de cartes de crédit baisser, a-t-il ajouté. L’autre domaine qui m’intéresse particulièrement est celui du portefeuille de prêts commerciaux. Quelles entreprises sont en croissance ? Lesquelles ne vont pas aussi bien ? »

La Banque Scotia et la Banque de Montréal ouvriront le bal mardi, tandis que la Banque Royale du Canada et la Banque Nationale feront le point mercredi, suivies de la CIBC et de Banque TD jeudi.

M. Aiken s’attend à ce que les banques affichent des résultats financiers « solides », malgré les mesures de confinement pour freiner la propagation de la COVID-19.

Des prêts automobiles potentiellement « soutenus » pourraient aider certaines banques, selon Robert Colangelo, vice-président principal chez DBRS Morningstar.

Il affirme que les activités de gestion de patrimoine seront également à surveiller au Canada en raison de la force des marchés boursiers et des portefeuilles de clients qui pourraient croître avec la volatilité du marché, ce qui pourrait profiter aux banques grâce à des frais plus élevés.

Le mois dernier, Goldman Sachs – qui est plus exposée à la gestion de patrimoine et aux services d’investissement et moins exposée aux prêts aux consommateurs et aux entreprises comparativement à d’autres banques américaines comme Citigroup, JPMorgan Chase et Wells Fargo – a déclaré que ses bénéfices avaient plus que doublé au dernier trimestre, par rapport à la même période l’année précédente.

Partout dans le monde, les institutions financières ont mis des sommes de côté au début de la pandémie pour pallier les mauvaises créances, en vue d’un ralentissement économique qui pourrait placer les emprunteurs en défaut de paiement.

Dans une note de recherche parue le mois dernier, après le dévoilement des résultats financiers des banques américaines, l’analyste Gabriel Dechaine, de la Banque Nationale, a observé que celles-ci ont eu tendance à diminuer leurs provisions pour pertes sur prêts.

M. Aiken croit que les banques canadiennes sont susceptibles d’adopter une approche plus conservatrice, en partie à cause des différents régimes comptables.

Une baisse des provisions signifierait que l’économie se porterait mieux qu’anticipé, a-t-il avancé, en notant que cela devrait aussi avoir un effet positif sur leurs résultats.

En décembre, le Bureau du surintendant des institutions financières a déclaré que les banques et les assureurs canadiens ne devraient pas augmenter leurs dividendes, procéder à des rachats des actions ou augmenter la rémunération de leurs dirigeants, notant que « même si la conjoncture semble s’être stabilisée, les répercussions financières de la pandémie de COVID-19 ne se sont pas encore toutes manifestées ».

M. Aiken croit que Bay Street s’intéressera non seulement à la résilience des banques face à la crise, mais portera aussi une attention particulière à la création des zones de croissance, telles que les activités aux États-Unis ou en Amérique latine.

Parmi les six principales banques canadiennes, « laquelle peut tirer le plus de croissance et est-ce possible de le faire à nouveau ? », se demande-t-il.

« C’est ce sur quoi je me concentre et je crois que les investisseurs aussi. »