(New York) General Motors (GM) a dégagé des résultats solides en 2020 grâce à un rebond des ventes de ses véhicules en fin d’année et s’est voulu optimiste pour 2021 malgré la pénurie de semi-conducteurs qui secoue le secteur automobile.

La carence de puces électroniques qui touche tous les grands constructeurs a en effet forcé GM à suspendre la production dans trois usines pendant au moins un mois.

Ce contretemps devrait coûter aux propriétaires des marques Chevrolet, Cadillac, Buick et GMC entre 1,5 et 2 milliards de dollars.

Mais le numéro un de l’automobile aux États-Unis en termes de ventes s’attend malgré tout à un bénéfice opérationnel compris entre 10 et 11 milliards de dollars sur l’ensemble de l’année, contre 9,7 milliards en 2020.  

« Nous travaillons au jour le jour non seulement avec nos fournisseurs directs », mais encore avec l’ensemble de la chaîne de fournisseurs pour évaluer au mieux la situation, a assuré la patronne du groupe Mary Barra lors d’une téléconférence avec des journalistes.  

La production est programmée à la minute dans l’industrie automobile et le secteur ne s’attendait pas forcément à voir la demande rebondir aussi fortement après un fort ralentissement au premier semestre.

Seul hic : les puces électroniques, qui ont envahi les voitures ces dernières années, sont aussi fortement demandées pour des produits dont la demande a explosé avec la pandémie, comme les ordinateurs.

« On en est encore au début » de la crise et « tout est encore mouvant », a relevé Mme Barra. Le problème devrait être résolu d’ici la fin de l’année, mais « il est encore un peu tôt pour dire exactement quand », a-t-elle estimé.

Dans l’état actuel, la pénurie ne devrait pas affecter la production annuelle de camionnettes à plateau (camionnette) et 4x4 de ville (VUS), ses véhicules les plus rentables et les plus populaires.  

Son concurrent Ford ne peut pas en dire autant : il a prévenu la semaine dernière que la pénurie de puces électroniques affectait la fabrication de sa camionnette aux marges lucratives F-150 et allait grever ses comptes de l’ordre de 1 à 2,5 milliards de dollars sur l’année.

L’impact de la pénurie sur les profits de GM « sera probablement plus important que ce à quoi beaucoup d’observateurs s’attendaient », remarque Nick Shields, analyste pour le fonds Third Bridge.

Mais le groupe « a démontré après la fermeture des usines liée à la COVID-19 qu’il savait refaire partir la production rapidement », a-t-il ajouté.

Objectif électrique

Les prévisions de GM pour 2021 ont un peu déçu les marchés : le groupe anticipe un bénéfice ajusté par action et hors éléments exceptionnels compris entre 4,50 et 5,25 dollars, là où les spécialistes du secteur prévoyaient 5,89 dollars. Son action reculait de 3,6 % à la mi-séance à Wall Street.

Mary Barra a en tout cas répété que ces difficultés ne remettaient absolument pas en question l’engagement de GM envers les véhicules électriques : le constructeur prévoit d’en proposer 30 modèles d’ici fin 2025.  Elle a souligné lors d’une conférence avec des analystes en avoir discuté avec le président américain Joe Biden, qui a fait de l’essor des voitures propres un point majeur de son programme.  

Au quatrième trimestre, GM a vu son chiffre d’affaires progresser de 22 % à 37,52 milliards de dollars.

Son bénéfice net a atteint 2,8 milliards de dollars, là où le groupe avait perdu 194 millions l’an dernier à la même époque en raison notamment d’un important mouvement de grève.  

Sur l’ensemble de l’année, le chiffre d’affaires s’est tassé de 11 % à 122,48 milliards de dollars.  

Les ventes de voitures du groupe ont en effet subi un coup d’arrêt au printemps, quand la propagation de la COVID-19 a conduit à la fermeture temporaire des usines et de nombreux concessionnaires.  

Mais la demande des particuliers a commencé à reprendre dès mai, alors que de nombreux urbains cherchaient à éviter les transports en commun et à pouvoir s’évader de la ville le week-end. Conséquence : les ventes ont retrouvé leur niveau d’avant la pandémie au cours du quatrième trimestre.

Le bénéfice net de GM s’est un peu rétracté en 2020, de 4 % à 6,4 milliards de dollars.

« Chaque trimestre était différent » en termes d’environnement macro-économique et « a apporté son lot de défis et d’opportunités », ont souligné les analystes de JPMorgan. « Le fait que GM ait toujours dépassé les attentes démontre une solide exécution. »