Lorsque toutes les installations seront en place et approuvées, un vaccin contre la COVID-19 sera fabriqué par les technologues et spécialistes de Montréal selon la recette de Novavax, a confirmé mardi le premier ministre du Canada, Justin Trudeau. Une équipe américaine viendra aussi sur place leur prêter main-forte. Or, la production n’est prévue qu’en 2022, selon le Conseil national de recherches du Canada (CNRC).

Alors que la construction du nouveau Centre de production de produits biologiques du CNRC, avenue Royalmount à Montréal, se déroule toujours selon l’échéancier prévu, assure la porte-parole du centre, Karyne Vienneau, des employés de Novavax se préparent à débarquer dans la métropole pour transférer leur savoir-faire aux Canadiens.

« Nous prévoyons travailler avec les équipes sur le terrain, au Canada, pour le transfert technique du processus, a expliqué Novavax à La Presse. Nos équipes de transfert technique travailleront très étroitement avec le CNRC pour transférer le processus et assurer le succès de la fabrication avec le Canada. Cela comprendra des visites de sites et un soutien étendu sur le terrain tout au long du transfert de technologie et du processus de mise en place. »

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Chantier de construction du nouveau Centre de production de produits biologiques du CNRC, avenue Royalmount à Montréal.

Novavax a précisé à La Presse qu’elle avait un protocole d’entente avec le gouvernement canadien et qu’il restait des détails à finaliser. Ce protocole d’entente comprend une intention plus large d’accroître la présence de l’entreprise américaine au Canada, notamment avec des partenariats pour fabriquer des vaccins Novavax dans des usines canadiennes.

Une fois le vaccin approuvé par Santé Canada, l’agence publique devra ensuite vérifier si les installations de Montréal produisent un vaccin de la même qualité que celui fabriqué aux États-Unis. Les premiers essais d’ingénierie viendront ensuite, en décembre 2021, affirme Karyne Vienneau, porte-parole du CNRC, et la production complète suivra.

« Le vaccin de Novavax est un virus atténué, donc une technologie plus connue que les ARNm [utilisés pour les vaccins de Pfizer/BioNTech et de Moderna] et maîtrisée par le CNRC, soutient Frank Béraud, PDG de Montréal InVivo. C’est un site de recherche appliquée, pas fondamentale. Ils sont très forts sur les bioprocédés [utilisés dans la fabrication de vaccins] et travaillent déjà beaucoup avec l’industrie. »

Les experts consultés par La Presse n’ont pas été en mesure de préciser si la production du vaccin à Montréal coûtera moins cher que de recevoir des doses déjà prêtes de Novavax. Tout dépend des équipements, de l’automatisation de la chaîne de production et de la possibilité ou non de faire des économies d’échelle, soutient Stéphane Lévesque, directeur général du Groupement provincial de l’industrie du médicament.

Le principal avantage de produire le vaccin à Montréal, c’est qu’on sécurise la disponibilité et l’accès aux vaccins aux Québécois et aux Canadiens.

Stéphane Lévesque, directeur général du Groupement provincial de l’industrie du médicament

« On a un bassin de gens très compétents dans le pharmaceutique qui fabriquent des médicaments de très haute qualité, poursuit-il. C’est très rare que des médicaments fabriqués au Canada vont avoir des problèmes. Tandis que ça arrive assez souvent qu’il y ait des rappels sur des médicaments fabriqués ailleurs. »

Main-d’œuvre recherchée

Le CNRC affiche déjà des postes à pourvoir avec une expérience demandée dans la production de vaccins. Selon le plus récent Diagnostic de l’emploi et de la formation de l’industrie des sciences de la vie et des technologies de la santé (SVTS), réalisé en 2020, le nombre de techniciens de laboratoire et de fabrication est estimé à 2348 au Québec. Le rapport révèle aussi que les différents programmes de formation technique diplôment chaque année près de 300 travailleurs potentiels, donc un nombre suffisant pour répondre au nombre de postes à pourvoir.

Cependant, il faudra convaincre cette main-d’œuvre disponible, car moins de 10 % des diplômés optent pour le secteur des SVTS, souligne Kim Bourgeois, DG de Pharmabio Développement, le Comité sectoriel de main-d’œuvre des industries des produits pharmaceutiques et biotechnologiques du Québec.