(Montréal) La pandémie de COVID-19 continue d’engraisser les ventes de Metro, qui accélère son virage en ligne en plus de se préparer à mettre son réseau de pharmacies à la disposition d’une campagne de vaccination massive contre le nouveau coronavirus au Québec.

Si les échanges avec les autorités gouvernementales sont encore préliminaires, le propriétaire de la chaîne de pharmacies Jean Coutu a signalé, mardi, qu’il souhaitait pouvoir participer à l’effort actuel.

« À l’automne, la campagne de vaccination antigrippale a été un succès et les pharmaciens sont équipés pour prendre des rendez-vous et offrir le service de vaccination le temps venu », a expliqué le président et chef de la direction de Metro, Eric La Flèche, lors d’une visioconférence, en marge de l’assemblée annuelle des actionnaires.

La chaîne d’alimentation a également profité de son rendez-vous pour dévoiler ses résultats du premier trimestre terminé le 19 décembre, où ses profits et son chiffre d’affaires ont poursuivi leur croissance.

D’après les informations figurant sur son site web, Metro compte quelque 623 pharmacies dans son réseau, qui s’étend également en Ontario et au Nouveau-Brunswick, sous des enseignes comme Jean Coutu et Brunet.

« Au niveau financier, je n’ai pas les détails, mais peut-être (qu’il y aurait) un honoraire négocié avec l’Ordre des pharmaciens, mais il n’y aurait pas vraiment d’impact financier pour nous », a répondu le patron de la compagnie, lorsqu’interrogé sur le gain potentiel pour l’entreprise.

Beaucoup plus vite

La crise sanitaire n’a pas seulement un impact sur la performance financière de l’épicier, mais également sur l’explosion des ventes alimentaires en ligne, qui ont explosé de 170 % au premier trimestre. Le volume a atteint un niveau qui était anticipé d’ici « deux ou trois ans », a expliqué M. La Flèche.

Pour s’adapter, la compagnie a déployé une série d’initiatives, dont celle visant à offrir le service « cliquez et ramassez » dans 170 épiceries Metro en Ontario et au Québec au cours de l’exercice financier en cours, qui se termine à la fin septembre.

Un centre destiné à l’assemblage des commandes en ligne verra également le jour cet été à Montréal.

Cela s’accompagne toutefois d’une facture pour Metro, a reconnu son président, parce que c’est l’entreprise qui doit assembler la commande puisque le « client est appelé à faire moins de travail que d’aller en magasin » et faire son épicerie.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE

« Avec le volume qui augmente, cela permet de dégager une légère marge de profit, mais cela n’est pas aussi payant pour nous, a dit M. La Flèche. On pense que la majorité des ventes vont demeurer dans les magasins, mais nous sommes dans un nouvel environnement où le commerce en ligne fait partie de la donne. »

Pour le statu quo

Alors que bon nombre d’épiciers et détaillants comme Walmart ont décidé d’augmenter unilatéralement les frais à leurs fournisseurs, pour des services comme le marketing et le placement des étagères, certains groupes ont appelé à la mise en place d’un code de conduite dans l’industrie.

Interrogé sur cette question, M. La Flèche a exprimé une opinion différente.

« Nous croyons que les relations avec les fournisseurs fonctionnent avec le modèle actuel, a-t-il dit. On ne pense pas qu’il est nécessaire d’avoir une intervention gouvernementale dans ces relations. Le débat avait été lancé à la suite de gestes posés par certains de nos concurrents, pas nous. »

En octobre, huit groupes, dont la Fédération canadienne des épiciers indépendants, avaient interpellé le gouvernement Trudeau. Québec a également eu des discussions avec d’autres provinces dans ce dossier.

En croissance

Au premier trimestre, Metro a vu son chiffre d’affaires s’établir à 4,28  milliards, en hausse 6,2 %. Ses profits nets ont bondi de 12,3 %, à 191,2  millions, ou 76 cents par action.

Le conflit de travail qui s’est échelonné sur huit semaines au centre de distribution de Jean Coutu situé à Varennes, en banlieue sud de Montréal, a eu un impact négatif de cinq cents sur le bénéfice net par action.

Au premier trimestre, le chiffre d’affaires des magasins d’alimentation ouverts depuis au moins un an — un indicateur clé dans le secteur du commerce de détail — a progressé de 10 %. Cette tendance ne semble pas sur le point de s’inverser, puisqu’au cours des quatre premières semaines du deuxième trimestre, la croissance des ventes comparables des épiceries était de l’ordre de 12 %.

Le portrait a été différent du côté des pharmacies, où l’augmentation du chiffre d’affaires comparable a été de 1,3 %. L’augmentation observée du côté des médicaments d’ordonnance a été contrebalancée par une contraction dans la section commerciale, en raison notamment d’une baisse de l’achalandage.

Metro espère que Québec lèvera, le 8 février, l’interdiction entourant la vente de produits non essentiels, ce qui donnera un coup de pouce aux sections commerciales de ses pharmacies, qui ont vu leurs ventes comparables décliner de 11,7 % depuis le début du trimestre.

« La levée des restrictions associée à l’augmentation de l’achalandage due à une campagne de vaccination potentielle pourrait stimuler le segment des pharmacies », a observé l’analyste Irene Nattel, de RBC Marchés des capitaux, dans une note.

Abstraction faite des éléments non récurrents, le bénéfice ajusté de Metro s’est établi à 197,7  millions, ou 79 cents par action, au premier trimestre, en hausse de 4,6 % par rapport à il y a un an.