(New York) La chaîne américaine de magasins de jeux vidéo GameStop a vu son action monter en flèche à Wall Street vendredi, vraisemblablement poussée par des spéculateurs.

Le titre de GameStop a grimpé de plus de 51 % pour finir à 65,01 $ US, un record. L’entreprise a même vu sa cotation suspendue à plusieurs reprises pendant la séance en raison d’une trop forte volatilité.

Depuis le début de l’année, l’action a monté de près de 250 %, du fait des achats massifs d’investisseurs ayant précédemment parié à la baisse sur le titre.

GameStop fait en effet partie des entreprises de Wall Street les plus ciblées par la vente à découvert (short selling), une pratique qui consiste, pour un investisseur, à vendre des titres qu’il ne détient pas à un prix généralement élevé en anticipant sa chute et en espérant les racheter beaucoup moins cher à une date ultérieure.

Selon certains analystes, de nombreux investisseurs ont pu être contraints d’acheter plus tôt que prévu le titre pour limiter les risques de perte, ce qui a conduit à faire monter la valeur de l’action.

Un investisseur menacé

Le groupe, dont le siège social est dans la banlieue de Dallas, au Texas, dispose d’un réseau d’environ 5000 magasins répartis dans 10 pays, dont les États-Unis, le Canada, l’Allemagne et le Royaume-Uni.

Effet collatéral de la poussée de GameStop à Wall Street, l’investisseur Andrew Left, de Citron Research, a décidé de ne plus diffuser ses analyses sur l’entreprise.

M. Left, qui avait publié jeudi une vidéo sur YouTube où il jugeait l’action surévaluée, a reçu une avalanche de réactions négatives et parfois menaçantes. Il a qualifié ses détracteurs de « foule en colère qui possède le titre ».

« Il ne s’agit pas seulement d’insultes et de piratages, mais aussi de crimes sérieux comme le harcèlement d’enfants mineurs », a-t-il écrit sur Twitter.

Nous sommes des investisseurs pour qui la sécurité et la famille passent avant tout et nous estimons que cela a été mis en danger.

Andrew Left, investisseur de Citron Research

« C’est notre devoir de nous éloigner de cette action », a ajouté M. Left, qui entend donner des suites judiciaires aux menaces qu’il a reçues.

Dans sa vidéo, qui devait au départ être diffusée en direct sur Twitter, mais a été diffusée en différé en raison de piratages informatiques, l’investisseur mettait en avant la baisse des revenus de l’entreprise, sa dette importante ou encore le fait que la hausse du prix de son action était surtout due à sa popularité chez des boursicoteurs peu expérimentés.

M. Left estimait également que le modèle de vente de GameStop, qui repose notamment sur l’échange de jeux d’occasion, était « désuet » et qu’il peinait à concurrencer les pratiques actuelles, qu’il s’agisse du téléchargement ou du jeu via l’informatique à distance (cloud).

Certains des critiques de M. Left ont rappelé qu’il avait prévu, il y a plusieurs années, la chute en Bourse du constructeur de véhicules électriques Tesla, une entreprise ayant connu l’une des ascensions les plus fulgurantes à Wall Street.

Citron Research a depuis révisé sa position et recommandé d’acheter ou de conserver l’action de Tesla.

Revenus en baisse

L’action de GameStop avait déjà gonflé la semaine dernière après l’annonce de l’arrivée au sein de son conseil d’administration de Ryan Cohen, ancien patron et cofondateur des magasins de produits pour animaux Chewy.

Cette nouvelle avait attiré un nombre important de petits investisseurs et de spéculateurs.

Malgré ces vifs mouvements boursiers, la chaîne de magasins lutte pour s’adapter à la nouvelle réalité du marché du jeu vidéo, dominé par les ventes en ligne et des géants de la grande distribution comme Amazon, Best Buy, Target ou Walmart.

Les recettes de GameStop ont ainsi décliné de 3 % lors de la période des Fêtes.