Le constructeur d’autobus et de camions électriques Lion, de Saint-Jérôme, pourrait bientôt faire son entrée en Bourse à New York par l’entremise d’une fusion avec une coquille qui y est déjà inscrite, selon l’agence Bloomberg. La transaction pourrait s’avérer très payante pour les actionnaires de Lion, parmi lesquels des institutions publiques.

Bloomberg a fait état vendredi de tractations entre Lion et Northern Genesis Acquisition Corp, une coquille dotée d’une encaisse de 300 millions US et mise sur pied en août dernier avec l’objectif précis « de réussir une fusion, un échange d’actions, un achat d’actifs, un achat d’actions, une réorganisation ou autre forme de combinaison avec une ou plusieurs entreprises », selon ce qu’elle avait alors expliqué dans un communiqué. Plus précisément, elle cherche des entreprises qui s’inscrivent dans une vision de développement durable et écologique.

Northern Genesis mènerait présentement des discussions avec des investisseurs afin de récolter 500 millions US supplémentaires qui lui permettraient de procéder à une transaction avec Lion, selon Bloomberg. La Presse n’a pu confirmer les informations de l’agence financière.

Selon les termes rapportés par Bloomberg, l’entité fusionnée serait évaluée à 2 milliards de dollars américains, ce qui comprend les sommes récoltées par Northern Genesis.

Power, XPND et autres

Selon des informations financières obtenues par La Presse et qui datent de 2018 — l’entreprise québécoise n’a pas publiquement annoncé de nouvelle ronde de financement depuis —, Lion est détenue à près de 44 % par Énergie Power Corporation, une filiale du conglomérat Power Corporation, à la suite d’un investissement de près de 50 millions réalisé en 2017. La valeur de l’entreprise avait alors été fixée à 110,2 millions.

Les cofondateurs Marc Bédard et Camile Chartrand suivent à près de 22 %. Le fonds d’investissement XPNDCroissance dirigé par Alexandre Taillefer était alors le troisième actionnaire en importance, à hauteur de 14 %. XPND a déboursé un peu plus de 5,3 millions, en 2015 et 2016, pour mettre la main sur cette participation. La transaction pourrait lui être immensément profitable.

La Caisse de dépôt (15 millions), Investissement Québec (15 millions), le Fonds de solidarité FTQ (10 millions) et le Fondaction de la CSN (5 millions) figurent parmi les investisseurs qui ont placé un total de 75 millions dans le fonds XPNDCroissance et qui pourraient donc eux aussi profiter largement d’une éventuelle transaction.

De gros clients

La Compagnie Électrique Lion, de son nom complet, a franchi des jalons importants au cours des derniers mois avec la commercialisation de ses camions électriques Lion8 et Lion6. Le premier a été vendu à 50 exemplaires au CN, tandis qu’Amazon a commandé 10 exemplaires du second, un peu plus petit.

PHOTO FOURNIE PAR LION

Le carnet de commandes de l’entreprise compte aussi actuellement plus de 150 autobus scolaires électriques destinés à rouler aux quatre coins de l’Amérique du Nord.

Le carnet de commandes de l’entreprise compte aussi actuellement plus de 150 autobus scolaires électriques destinés à rouler aux quatre coins de l’Amérique du Nord. Selon le vice-président au marketing et aux communications, Patrick Gervais, l’usine de Saint-Jérôme tourne actuellement à un rythme maximal d’environ 750 véhicules par année, mais ses installations lui permettraient de passer à 2500 véhicules par année en ajoutant des employés.

Interrogé à la fin de l’été sur la nécessité pour l’entreprise de faire appel à de nouveaux capitaux pour réaliser ses projets, le président, Marc Bédard, avait indiqué qu’il n’y avait pas de besoins immédiats, et il n’avait pas exclu un recours aux marchés boursiers en cas de besoin, mais il avait dit que l’entreprise pourrait aussi choisir, le cas échéant, de se tourner vers ses actionnaires actuels.

« On a de bons partenaires financiers, mais c’est sûr qu’on a de gros projets, avait-il affirmé. On a de gros, gros projets qui s’en viennent. »

– Avec Richard Dufour, La Presse