L’entreprise montréalaise Industries Dorel, qui fabrique et vend pour 2,6 milliards US par an de produits pour enfants, de bicyclettes et de meubles résidentiels, s’apprête à clore son séjour en Bourse entamé il y a 30 ans, à la fin des années 1980.

Après neuf mois de démarches auprès d’investisseurs et de financiers, les fondateurs et actionnaires de contrôle chez Dorel, de la famille Schwartz, ont annoncé lundi être parvenus à une « entente de principe » avec la firme new-yorkaise Cerberus Capital Management en vue du rachat des actions de Dorel.

Cette entente financière de rachat dont les termes doivent être finalisés d’ici le 10 novembre est annoncée à 14,50 $ par action, attribuant ainsi une valorisation de 470 millions à l’entreprise.

Ce prix d’offre proposé représente une prime d’environ 7 % par rapport au cours moyen de fermeture des actions de Dorel depuis 30 jours en Bourse.

Toutefois, même fortement redressée depuis le creux de 1,25 $ atteint en mars, au pire de la crise, la valeur par action de l’offre de rachat de privatisation pour Dorel demeure très inférieure au sommet de 40 $ par action atteint il y a quatre ans, en décembre 2016.

Le sursaut des actions de Dorel à plus de 15 $ lundi en Bourse, au-dessus des 14,50 $ dans le projet d’offre de rachat, suggère que la famille Schwartz et Cerberus Capital pourraient devoir rehausser le prix de leur offre afin d’obtenir l’appui majoritaire qui est requis parmi les actionnaires minoritaires et indépendants, selon la réglementation boursière.

La famille Schwartz a le contrôle

Pour le moment, les membres de la famille Schwartz détiennent 19,18 % des actions en circulation de Dorel, sur une base de valeur de marché, mais ils contrôlent 60,17 % des droits de vote avec leurs actions à votes multiples.

Les actionnaires de la famille comprennent le chef de la direction de Dorel, Martin Schwartz, et le directeur financier Jeffrey Schwartz, ainsi qu’Alan Schwartz, vice-président directeur des opérations, et Jeff Segel, vice-président directeur des ventes et du marketing.

Ces dirigeants de Dorel ont décliné lundi les demandes de commentaires de La Presse sur leurs raisons de fermer le capital de l’entreprise, au-delà des informations réglementaires dans leur communiqué. On indique qu’ils pourraient s’expliquer davantage lors de la prochaine annonce de résultats trimestriels, prévue le 6 novembre.

Les principaux actionnaires non dirigeants de Dorel, dont la firme montréalaise de gestion de placements Letko Brosseau (à 14,9 % des actions en Bourse selon le relevé de Refinitiv/Reuters) et la firme torontoise Foyston Gordon & Payne (9 % des actions en Bourse), ont aussi décliné les demandes de La Presse.

Dans son communiqué, Dorel indique que « les actionnaires de la famille [Schwartz] l’ont informé qu’ils ne sont pas intéressés par toute autre transaction alternative, y compris la vente de leurs intérêts dans Dorel, la vente de l’un des secteurs d’activité de Dorel ou la vente d’actifs importants de Dorel. »

Prévu depuis décembre

Quant à l’origine du projet de rachat du capital-actions de Dorel mené par les dirigeants-actionnaires Schwartz, l’entreprise indique dans son communiqué que son conseil d’administration a été prévenu en décembre 2019 que la famille « prévoyait se mettre à la recherche d’un partenaire pour une éventuelle privatisation de l’entreprise ».

En Bourse, les actions de Dorel se négociaient alors autour de 6 $, à leur plus bas après trois ans de recul.

Après cet avis au conseil de Dorel, la « recherche de partenaire » par les Schwartz s’est allongée sur presque neuf mois, jusqu’au début de septembre et la conclusion d’un accord préliminaire de « négociations exclusives » avec Cerberus Capital.

En Bourse, les actions de Dorel cotaient alors aux environs de 11 $, en fort rebond depuis le creux de crise de pandémie, atteint fin mars, et l’annonce de résultats de deuxième trimestre en redressement bien meilleur qu’attendu après l’important recul subi lors du premier trimestre précédent.

Dorel fabrique et vend une variété de biens de consommation tels que les sièges d’automobile pour enfants Cosco et Safety 1st, les vélos Cannondale et Schwinn, et les meubles pour enfants sous des marques telles que Dorel Living et DHP.

Ces activités de Dorel ont été frappées en fin de premier trimestre par le grand confinement socio-économique de la pandémie. Mais elles ont rebondi au trimestre suivant, grâce notamment au fort sursaut des ventes de bicyclettes en début d’été.

Dans ses plus récents résultats, Dorel a déclaré un chiffre d’affaires de 723,9 millions US et un bénéfice net de 11 millions US, en hausse sur un an et bien au-dessus des prévisions des deux seuls analystes qui suivent encore l’entreprise.

Pour les prochains résultats, qui seront annoncés vendredi, leurs prévisions demeurent plutôt favorables, selon le relevé de la firme d’informations boursières Refinitiv.

En moyenne, ils anticipent un chiffre d’affaires trimestriel encore en hausse aux environs de 760 millions US et un bénéfice net qui pourrait approcher les 20 millions US.