(Montréal) Satisfaits d’avoir franchi une étape afin de récupérer les sommes qui leur sont dues, les artisans du Cirque du Soleil espèrent que les 1500 ex-employés canadiens de l’entreprise de divertissement ne se retrouveront pas les mains vides.

Le porte-parole du Regroupement des artisans des arts du Cirque du Soleil, Gabriel Dubé-Dupuis, a indiqué, mercredi, qu’il fallait maintenant s’assurer que l’enveloppe de 5 millions US constituée pour les employés contractuels sera rapidement distribuée.

« Dans le contexte, on a mené une belle bataille, nous allons être rémunérés, a-t-il expliqué, au cours d’un entretien téléphonique. Il y a quand même une certaine incertitude. Nous attendons les clarifications (du syndic Ernst & Young) pour savoir comment procéder et pour recevoir les paiements le plus rapidement possible. »

Le directeur de création, qui a collaboré plus de deux décennies avec le Cirque, a représenté le regroupement d’une soixantaine d’employés contractuels qui avaient interpellé le Cirque — dont les activités ont été paralysées par la pandémie de COVID-19 —, dans l’espoir d’être payés.

M. Dubé-Dupuis espère que le fonds de 15 millions US destiné aux travailleurs de la troupe ayant perdu leur gagne-pain puisse être mis sur pied comme prévu.

Mardi, la Cour supérieure du Québec a donné son feu vert à la finalisation de l’arrangement devant permettre à un groupe de créanciers de s’installer aux commandes du Cirque, qui s’est tourné vers la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies (LACC) en juin dernier. La clôture est prévue vers le 6 novembre.

Pendant l’audience, l’Agence du revenu du Canada a fait valoir que les 3000 $ US proposés aux ex-travailleurs constituaient un revenu et non un don, ce qui viendra influencer les prestations auxquelles ils auront droit en vertu du Programme de protection des salariés. Les créanciers estiment plutôt qu’il s’agit d’un geste de bonne foi et qu’ils pourraient revenir sur leur décision plutôt que de verser des montants qui se retrouveront directement dans les poches du gouvernement fédéral.

Advenant ce dénouement, seuls les anciens salariés du Cirque aux États-Unis auraient droit au fonds d’aide.

« On ne peut pas s’empêcher d’être extrêmement empathiques pour (la) situation (des ex-employés), a dit M. Dubé-Dupuis. Ils ont perdu leur emploi. Ça serait une injustice si, dans les 3500 travailleurs licenciés, les 1500 qui se trouvaient au siège social de Montréal n’avaient pas droit à cette aide financière. »

Les parties impliquées doivent revenir vendredi devant le juge Louis Gouin, qui a insisté à maintes reprises, au cours de l’audience, pour qu’une solution soit trouvée.

Incapable de générer des revenus après avoir annulé ses 44 spectacles à travers le monde en raison de la crise sanitaire, le Cirque, qui trainait également une lourde dette, a été contraint de se protéger de ses créanciers.

En devenant propriétaires, les prêteurs garantis menés par la firme torontoise Catalyst Capital Group écarteront les actionnaires de l’entreprise : le fonds texan TPG Capital, la firme chinoise Fosun et la Caisse de dépôt et placement du Québec.

Les prêteurs proposent de mettre jusqu’à 375 millions US à la disposition de la compagnie et de maintenir le siège social à Montréal pour au moins cinq ans.