(Montréal) En dépit du « refus définitif » de la famille Audet, l’offre hostile bonifiée à 11,1 milliards présentée par Altice USA et Rogers sera examinée par les conseils d’administration de Cogeco et de sa principale filiale.

Il n’était toutefois pas possible, lundi, de savoir combien de temps cela prendra, puisque dans un communiqué conjoint, les deux compagnies n’ont pas précisé quand une décision serait rendue. La veille, l’entreprise américaine et le géant canadien des télécommunications étaient revenus à la charge en bonifiant de 800 millions leur proposition, valide jusqu’au 18 novembre.

Mais si les conseils d’administration veulent faire preuve de sérieux dans leurs démarches, ce processus devrait s’échelonner sur quelques semaines, a estimé Richard Leblanc, professeur de gouvernance, de droit et d’éthique à l’Université York, au cours d’un entretien téléphonique.

« Ce ne sont pas seulement les paramètres financiers, mais également les garanties offertes par Rogers depuis le dévoilement de la première offre (le 2 septembre), a-t-il expliqué. Tous ces éléments doivent être pris en considération. »

Parallèlement au maintien de la marque Cogeco et de son siège social montréalais, l’entreprise ontarienne a notamment promis, si une transaction se concrétise, de créer 300 emplois grâce à la mise sur pied d’un centre d’innovation au Québec et de conserver l’ensemble des employés de l’entité combinée en sol québécois, soit environ 5000 personnes.

Des investissements de 3 milliards au cours des cinq prochaines années sont prévus, même si on ignore pour le moment ce qui constituerait de l’argent frais par rapport à ce qui est déjà prévu.

Au lendemain de la nouvelle offensive d’Altice USA et Rogers, les analystes financiers se demandaient, lundi, si Altice USA et Rogers allaient revenir à la charge.

« Nous croyons que les acquéreurs espèrent un soutien plus visible de la part (des autres actionnaires) qui, selon eux, pourrait à son tour exercer une pression sur les membres indépendants des conseils (de Cogeco et sa filiale) », a notamment écrit Aravinda Galappatthige, de Cannacord Genuity, dans une note.

Altice USA et Rogers offrent 100 millions supplémentaires — pour un total de 900 millions — pour convaincre Gestion Audem, la société qui gère les actifs de la famille Audet et dont l’accord est essentiel à toute transaction. Grâce à ses actions à droits de vote multiples, celle-ci contrôle 69 % des votes chez Cogeco et 82,9 % du côté de Cogeco Communications même si elle ne détient qu’une faible minorité des titres en circulation.

La mécanique de l’offre d’Altice USA et Rogers table sur un partage des actifs de Cogeco et de sa principale filiale. Atlantic Broadband, désormais valorisée à 5,1 milliards et dans laquelle la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) détient une participation de 21 %, se retrouverait dans le giron de l’entreprise américaine.

Les activités canadiennes de l’entreprise fondée en 1957, qui sont présentes dans la câblodistribution, les services internet et la téléphonie résidentielle, en plus de compter 23 stations de radio au Québec et en Ontario, seraient revendues à Rogers. La nouvelle offre leur confère une valeur de 6 milliards.

La CDPQ a réitéré qu’elle demeurait « alignée » avec la famille Audet et sa stratégie de croissance au sud de la frontière, où Atlantic Broadband est le neuvième câblodistributeur en importance dans le marché américain grâce à sa présence dans 11 États de la côte est.

Altice USA et Rogers proposent désormais 123 $ pour chacune des actions subalternes restantes, par rapport à 106,53 $ initialement, et 150 $ pour chaque titre de Cogeco Communications, comparativement à 134,22 $ auparavant. À la Bourse de Toronto, lundi après-midi, l’action de Cogeco cotait à 84,12 $, en recul de 64 cents, tandis que le titre de Cogeco Communications retraitait de 2,10 $, ou 2 %, à 101,40 $.