(Montréal) En plus d’une importante révision du prix de la transaction, le nouvel arrangement entre Transat A. T. et Air Canada contient une clause obligeant le voyagiste à rationaliser son effectif avant de passer sous l’aile du plus important transporteur aérien au pays.

Selon un document déposé auprès des autorités réglementaires et uniquement disponible en anglais pour le moment, cette restructuration, qui ira de l’avant advenant l’obtention de toutes les approbations nécessaires, doit refléter l’impact de la pandémie de COVID-19. La crise sanitaire secoue toujours le secteur de l’aviation commerciale, qui mettra plusieurs années à se relever.

En l’absence d’une aide gouvernementale et du maintien des restrictions actuelles à l’endroit des voyages internationaux, Transat A. T. avait déjà signalé, en septembre dernier, qu’il pourrait éventuellement y avoir jusqu’à 2000 licenciements — ce qui pourrait réduire de 40 % la taille de l’effectif.

« Il y aura des licenciements qu’il y ait une transaction ou non, a expliqué son porte-parole, Christophe Hennebelle, jeudi, au cours d’un entretien téléphonique, en faisant référence aux informations déjà rendues publiques. Du moment où nous aurons une certitude que la transaction aura lieu, le plan sera engagé. »

Air Canada n’avait pas commenté, jeudi après-midi, cette clause du nouvel arrangement.

Sans s’avancer sur le nombre d’employés qui seront licenciés, M. Hennebelle a ajouté que le voyagiste espérait qu’il y en ait le « moins possible ». Une centaine de salariés ont déjà perdu leur gagne-pain depuis septembre.

Une aide financière pourrait atténuer les licenciements, mais le couperet devrait néanmoins tomber étant donné que les signes de reprise ne sont pas au rendez-vous, a ajouté M. Hennebelle, en faisant référence entre autres à la fermeture des frontières internationales.

Air Canada propose désormais 5 $ pour chaque action de la société mère d’Air Transat — une baisse de 72 % par rapport à 18 $ auparavant. La valeur de la transaction passerait ainsi de 720 millions à environ 190 millions. Alors que les approbations des autorités réglementaires du Canada et de l’Europe se font toujours attendre, la nouvelle mouture de l’arrangement repousse au 15 février, par rapport au 27 décembre, la date butoir de la vente. Elle permet aussi à Transat A. T. d’emprunter jusqu’à 250 millions pour stabiliser ses activités.

Cette proposition fera l’objet d’un autre vote et devra obtenir l’appui d’au moins les deux tiers des porteurs de titres de Transat A. T. lors d’une assemblée prévue le 8 décembre.

En attente

Entre-temps, contrairement à d’autres joueurs québécois qui s’étaient montrés intéressés par Transat A. T. l’an dernier, l’homme d’affaires Pierre Karl Péladeau n’a pas fermé la porte à une nouvelle tentative. Interrogé au cours d’une entrevue téléphonique avec La Presse Canadienne dans le cadre de la relance des activités de Téo Taxi, ce dernier s’est montré prudent en affirmant qu’il « continue à analyser le dossier ».

« Je suis un actionnaire de Transat, a dit M. Péladeau. À cet égard, je vais regarder les différentes (options) qui sont susceptibles d’être soulevées. Peut-être qu’il va y avoir une autre offre. Moi, je continue à analyser le dossier. Les actionnaires vont-ils être heureux de l’offre (d’Air Canada) ? »

L’actionnaire de contrôle de Québecor a déploré la présence d’une clause prévoyant des licenciements dans le nouvel arrangement, reprochant à Air Canada de demander à Transat A. T. de « faire le nettoyage » de la compagnie avant la clôture de la transaction.

Le nouvel arrangement permet le dépôt d’offres rivales. Toutefois, l’enthousiasme n’est plus au rendez-vous chez certains des prétendants qui avaient les yeux sur le voyagiste.

Mardi, Groupe Mach, qui avait voulu mettre la main sur la compagnie l’an dernier, a indiqué ne pas vouloir sauter dans l’arène, alors que l’homme d’affaires Dominik Pigeon, à la tête de la firme FNC Capital, dont l’intérêt avait aussi été évoqué, dit être passé à autre chose.

En août 2019, avant que les actionnaires de Transat A. T. disent oui à Air Canada, M. Péladeau, qui détient 600 000 actions du voyagiste selon les dernières informations disponibles, avait fait miroiter une proposition si le regroupement échouait à la suite du rejet par les porteurs de titres ou faute des approbations réglementaires requises.