Deuxième vague ou pas, les taxis électriques Téo ont repris jeudi les rues de Montréal – et de Gatineau – dans une nouvelle formule plus traditionnelle à laquelle toutes les voitures de Taxi Diamond et de Taxi Hochelaga devraient se joindre d’ici 10 ans.

Un total de 55 voitures Téo, 50 à Montréal et 5 à Gatineau, ont amorcé leurs activités jeudi. Avec un centre-ville et un aéroport pratiquement désertés, le moment n’est pas idéal, a convenu Pierre Karl Péladeau.

« On avait prévu un lancement en avril ou en mai dernier, mais on ne peut pas repousser éternellement, a-t-il expliqué au cours d’une entrevue avec La Presse. En même temps, on ne part pas en fous, avec 55 voitures. Il y a aussi une question de demande des chauffeurs pour commencer. »

Contrairement à la formule initiale imaginée par Alexandre Taillefer – dont M. Péladeau a vanté « le courage, la vision et la détermination » –, les chauffeurs du Téo « 2.0 » ne seront pas salariés, mais travailleurs autonomes.

« Les travailleurs autonomes ont bâti l’industrie du taxi et on considère que c’est la bonne façon de poursuivre », a expliqué en conférence de presse le directeur général de Téo Taxi, Frédéric Prégent.

Financer les chauffeurs

Le nouveau modèle d’affaires de Téo Taxi « est sensiblement le même » que dans le taxi traditionnel, a indiqué M. Péladeau en entrevue. Les chauffeurs doivent s’attendre à en tirer les mêmes revenus.

Une exception notable est que Téo participe à l’acquisition par le chauffeur d’un véhicule électrique. Concrètement, pour le moment, c’est Téo qui a acheté les 55 voitures et qui les cède aux chauffeurs par l’intermédiaire d’un contrat de location-acquisition, a indiqué M. Prégent.

Le plan prévoit que Téo va croître en convertissant progressivement les chauffeurs des deux autres branches de sa société mère Taxelco, Taxi Diamond et Taxi Hochelaga, à l’électrique. On prévoit mettre 10 ans pour atteindre l’électrification complète. Il y a déjà un « incitatif naturel » pour les chauffeurs lié aux coûts d’exploitation, a fait valoir M. Péladeau, mais différentes mesures pourraient être mises en place pour aider les chauffeurs à le faire.

Des discussions préliminaires ont lieu afin d’obtenir des sommes du Fonds vert du gouvernement du Québec pour financer ces mesures, a indiqué M. Prégent.

Téo a pour l’instant choisi de miser sur des Kia Soul 2020, dont l’autonomie est environ deux fois supérieure aux versions plus anciennes du même modèle utilisées dans la première aventure de Téo. Cela devrait permettre aux chauffeurs de terminer leurs journées de travail sans recharge, a fait valoir M. Péladeau.

En fonction de la demande

L’ajout de nouvelles voitures au service Téo se fera graduellement, au gré de la demande, a expliqué M. Prégent.

« C’est l’une des leçons que nous avons apprises de la première version, de ne pas prendre de trop grosses bouchées », affirme-t-il. Le fait d’avoir visé gros dès le départ est en effet un des éléments ayant nui au projet original, a convenu M. Taillefer dans un livre paru récemment et qui analyse l’échec de Téo.

Une autre grande nouveauté de la deuxième version est qu’elle ne sera pas liée à un territoire géographique précis. La loi 17 adoptée par le gouvernement du Québec afin de réformer l’industrie du taxi a en effet aboli les territoires de desserte.

Tout en convenant qu’il y a de bonnes chances que les prochaines voitures à s’ajouter soient à Montréal et Gatineau, M. Prégent a confirmé qu’il y avait « déjà des discussions pour avoir des véhicules à Québec ».

C’est M. Péladeau personnellement, et non Québecor, qui est maintenant propriétaire de Taxelco et de ses filiales, dont Téo. L’homme d’affaires a reconnu qu’il pourrait néanmoins y avoir certains partenariats entre ses deux entreprises.

« Même à l’époque où j’étais en politique, il y avait eu une entente entre Vidéotron et Téo pour mettre des tablettes dans les taxis. Il pourrait y avoir des ententes de ce genre. De toute façon, je ne pense pas que Bell va être très intéressé à venir dans les taxis de Pierre Karl Péladeau. »