(New York) Des actionnaires de Boeing ont déposé une plainte accusant les membres du conseil d’administration, dont l’actuel patron David Calhoun et son prédécesseur Dennis Muilenburg, et d’autres dirigeants de ne pas avoir pris toutes les mesures nécessaires pour empêcher la crise du 737 MAX fragilisant l’avionneur depuis plus d’un an.

La plainte, consultée vendredi par l’AFP, a été déposée en juin devant un tribunal du Delaware avant d’être actualisée en septembre.

Les plaignants reprochent aux membres du conseil, instance censée superviser la direction, de ne pas avoir mis en place des outils permettant d’évaluer et de contrôler la sécurité du 737 MAX avant les deux accidents mortels ayant conduit à son interdiction de vol partout dans le monde en mars 2019. Ils évoquent par exemple l’absence d’un comité dédié à la sécurité ou d’un système de lanceur d’alerte.

Les membres du conseil d’administration n’ont, dénonce la plainte, « aucune excuse » pour ne pas s’être assurés de la sécurité de l’appareil, surtout dans la mesure où ils ont été, à plusieurs reprises, alertés de problèmes sur la conception, la fabrication et la commercialisation d’autres avions de la compagnie.  

Ces accusations sont fermement contestées par Boeing.

« Comme on peut s’y attendre […] dans une action en justice comme celle-ci, la plainte présente une version partiale et trompeuse des faits des activités de Boeing et de son conseil d’administration » pendant la période incriminée, a réagi un porte-parole de l’entreprise.  

Les poursuites sont « sans fondement » et Boeing va s’employer à faire rejeter la plainte d’ici la fin de l’année, a-t-il ajouté.

Le Wall Street Journal, la bible des milieux d’affaires américains, était le premier grand média à évoquer cette plainte vendredi.

Pour appuyer leurs accusations, les plaignants, emmenés par les responsables des fonds de pension des fonctionnaires de l’État de New York et des pompiers et policiers de l’État du Colorado, présentent des documents internes à l’entreprise. Certaines parties en sont largement censurées pour des raisons de confidentialité.

Les membres du conseil d’administration et les dirigeants cités, comme le directeur financier Greg Smith, ont à leurs yeux failli à leur devoir en ne faisant pas suffisamment d’efforts pour s’assurer de la sécurité des avions de Boeing.  

Les plaignants demandent en conséquence que les membres du conseil et les dirigeants montrés du doigt remboursent à Boeing les pertes financières générées par leur manque de supervision ainsi que toutes les rémunérations reçues dans le cadre de leurs fonctions.

Pour les deux crashs aériens de Lion Air en octobre 2018 et Ethiopian Airlines en mars 2019, qui ont fait 346 morts au total, Boeing fait déjà l’objet de diverses enquêtes des autorités et de plaintes de familles des victimes.