Un des programmes d’aide les plus populaires et coûteux du gouvernement Trudeau, la Subvention salariale d’urgence du Canada (SSUC) dont ont profité quelque 285 000 employeurs, ne se terminera pas le 19 décembre prochain comme prévu.

Annonçant vouloir créer plus de 1 million d’emplois, et estimant que « la tâche n’est pas terminée » pour renouer avec les taux d’emploi d’avant la COVID-19, Ottawa prolongera la SSUC « jusqu’à l’été prochain ».

La mesure a été applaudie par plusieurs organismes représentant les entreprises, au premier chef la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante. « Le gouvernement pose des gestes concrets qui feront une différence pour plusieurs entreprises, a déclaré Jasmin Guénette, vice-président des affaires nationales à la FCEI. La crise n’est pas encore terminée et les PME feront face à de nombreux défis dans les prochains mois. Selon notre plus récente étude, nous parlons, en moyenne, de près d’un an et demi avant un retour à la normale pour les entreprises canadiennes. »

Des OBNL aux partis

La Subvention salariale d’urgence a été une des premières mesures adoptées par le gouvernement fédéral pour aider l’économie canadienne. Elle est devenue loi dès le 11 avril dernier et devait initialement prendre fin le 21 novembre.

Dans sa première mouture, elle s’adressait aux entreprises ayant subi une baisse d’au moins 30 % de leurs revenus et subventionnait à 75 %, jusqu’à hauteur de 847 $ par semaine, les salaires. Pratiquement tous les types d’entreprises, du secteur manufacturier aux détaillants en passant par les organismes à but non lucratif et les partis politiques, y avaient droit.

Le seuil de perte de revenus a par la suite été revu à la baisse, tout comme les montants maximaux par employé qui devaient atteindre graduellement 226 $ par semaine en novembre.

L’ancien ministre des Finances Bill Morneau avait prolongé jusqu’en décembre ce programme et évalué qu’il coûterait 82,3 milliards au Trésor fédéral. Le Directeur parlementaire du budget avait toutefois révisé à la baisse cette estimation pour la porter à 67,9 milliards.

Dans le discours du Trône, on n’a pas précisé quelles seraient les modalités de cette « nouvelle » subvention salariale. « Le gouvernement travaillera de concert avec les entreprises et les travailleurs afin de s’assurer que le programme tient compte à la fois de la situation sanitaire et économique, au fur et à mesure de son évolution », a annoncé la gouverneure générale Julie Payette.

Les petits prêts demeurent

Dans un des secteurs les plus durement touchés par la COVID-19, la restauration, on s’est réjoui de cette annonce. « Nous félicitons le gouvernement de s’être engagé à donner suite à notre recommandation de prolonger la Subvention salariale d’urgence du Canada, ce qui permettra aux restaurateurs qui travaillent dur de poursuivre leurs activités, en employant le plus grand nombre de Canadiens possible, a déclaré par communiqué Restaurants Canada, qui regroupe 30 000 entrepreneurs au pays. Il manque encore 260 000 emplois dans ce secteur par rapport à février. Aucun autre secteur ne se rapproche de ce niveau de déficit. »

Outre la prolongation de la SSUC, le gouvernement Trudeau a promis d’« étendre » le Compte d’urgence pour les entreprises canadiennes (CUEC). Ce programme offre des prêts sans intérêt pouvant atteindre 40 000 $ pour les petites entreprises et les organismes à but non lucratif. Selon Ottawa, 751 838 d’entre elles se sont prévalues de ce programme pour un montant total de 29,96 milliards. Au Québec, ce sont 155 397 entreprises qui ont obtenu 6,2 milliards, en date du 17 septembre.

Le discours du Trône a par ailleurs promis « d’autres mesures d’aide » aux entreprises dont aucun détail n’a été donné. On veut ainsi venir à la rescousse des « industries les plus durement touchées, notamment l’industrie du voyage et du tourisme, l’industrie de l’accueil et les industries culturelles comme les arts de la scène ».

« Ce sont d’excellentes nouvelles pour le secteur de l’audiovisuel », a commenté par communiqué Hélène Messier, présidente-directrice générale de l’Association québécoise de la production médiatique (AQPM), qui souhaite toutefois une intervention du fédéral pour remédier à l’absence de couverture d’assurance en cas d’interruption de tournage. « Cela permettrait d’assurer la viabilité des entreprises tout en mettant au travail des milliers de travailleurs, d’artistes et de créateurs », estime-t-elle.