(Washington) Le fabricant de camions électriques et à hydrogène Nikola était de nouveau dans la tourmente lundi après la démission de son fondateur, accusé par une société d’investissement d’avoir bâti le groupe sur des mensonges.

Le titre du constructeur basé à Phoenix, aux États-Unis, s’est effondré de 19,33 % à 27,58 dollars à la Bourse à New York après l’annonce du départ de Trevor Milton.  

Il est remplacé à la tête du conseil d’administration par Stephen Girsky, déjà membre de cette instance stratégique et ancien vice-président de General Motors (GM). Le directeur général, Mark Russell, conserve ses fonctions.

Fondé par M. Milton en 2015, avec l’ambition de développer des camions et des pick-up alimentés par des batteries électriques ou des piles à hydrogène, Nikola n’a encore rien fabriqué.  

Mais fort des promesses ambitieuses de son fondateur et de l’engouement pour le secteur des véhicules ne générant pas d’émissions, le groupe a attiré suffisamment l’attention pour convaincre des groupes renommés tels que GM et le géant allemand de l’ingénierie Bosch de s’engager dans des partenariats.

L’annonce d’un accord avec GM le 8 septembre avait fait bondir les actions Nikola de 41 % à Wall Street.  

Mais deux jours plus tard, la société d’investissement Hindenburg Research publiait un rapport accusant la start-up d’être une « fraude complexe » reposant sur les multiples mensonges de son fondateur et d’avoir « induit ses partenaires en erreur […] en prétendant faussement disposer d’importantes technologies ».

Cette annonce a fait plonger le prix de l’action de l’entreprise, qui a perdu 36 % de sa valeur en trois jours.  

Enquêtes

Cela a également déclenché une enquête du gendarme de la Bourse américain, la Securities and Exchange Commission (SEC), et du ministère de la Justice, selon des sources citées par le Wall Street Journal.

« L’accent devrait être mis sur la société et sa mission […] pas sur moi », a affirmé M. Milton dans un communiqué.

« J’ai l’intention de me défendre contre les fausses allégations formulées contre moi par des détracteurs extérieurs », a-t-il poursuivi.

Nikola a rejeté la plupart des affirmations du rapport d’Hindenburg Research, sans toutefois répondre à toutes les accusations.

La société ne dément notamment pas complètement une des attaques les plus spectaculaires de la société d’investissement, à savoir la mise en scène d’une vidéo montrant en 2017 un de ses prototypes en action.   

Selon Hindenburg, le camion a « été tracté au sommet d’une colline sur une route isolée et a simplement été filmé en train de descendre la pente ». Nikola rétorque « n’avoir jamais dit que le camion fonctionnait avec son propre système de propulsion dans la vidéo », mais avoir simplement indiqué que le véhicule était « en mouvement ».  

Plusieurs responsables de Nikola sont aussi montés au créneau ces derniers jours pour défendre le groupe, assurant que si des sociétés comme GM avaient accepté de travailler avec le groupe, elles avaient auparavant effectué un examen approfondi de ses comptes et de ses technologies.

« Trevor a entrevu la possibilité de créer un système de transport ne générant aucune émission alors que l’industrie en était encore à ses débuts », a souligné M. Girsky en le remerciant pour son « esprit visionnaire ».  

« Nos priorités restent les mêmes », a assuré de son côté le directeur général Mark Russell. « En collaboration avec nos partenaires, nous nous concentrons sur l’exécution de nos initiatives stratégiques et jetons les bases d’un groupe destiné à fournir de bout en bout des solutions de transport zéro émission », a-t-il ajouté.

GM pour sa part compte bien continuer à travailler avec la jeune pousse, leur partenariat étant l’occasion de commercialiser ses piles à hydrogène et ses batteries électriques.  

« Notre but est d’installer tout le monde dans les véhicules électriques et d’accélérer leur adoption », a souligné un porte-parole du constructeur.