(Montréal) Trois-Rivières et Burlington, qui abritent les sièges sociaux opérationnels de Cogeco au Québec et en Ontario, où travaillent plusieurs centaines de personnes, se rangent derrière la stratégie de la société québécoise dans son rejet de l’offre non sollicitée de 10,3 milliards d’Altice USA et Rogers.

La municipalité québécoise est même allée jusqu’à écrire une lettre au ministre fédéral de l’Innovation, Navdeep Bains, dans laquelle elle « dénonce » l’offensive des deux compagnies, qui souhaitent mettre la main sur Cogeco et Cogeco Communications pour ensuite s’en partager les actifs au Canada et aux États-Unis.

« Les tractations que subit Cogeco menacent sérieusement l’apport structurant et mobilisateur de cette entreprise, a souligné le maire Jean Lamarche, dans une déclaration publiée vendredi dernier. C’est pourquoi nous réclamons l’appui sans réserve de (M.) Bains pour s’assurer qu’il prenne les actions nécessaires afin de respecter la volonté de Cogeco de poursuivre ses activités. »

Il n’avait pas été possible, lundi avant-midi, de rejoindre le maire de Trois-Rivières. Ses commentaires découlaient d’une motion adoptée à l’unanimité par le conseil municipal.

Le siège social de Cogeco et sa principale filiale se trouve à Montréal. Ses centres opérationnels de Trois-Rivières (plus de 550 employés) et Burlington (au-delà de 1000 salariés) regroupent notamment des travailleurs affectés au service à la clientèle ainsi qu’au soutien technique.

La mairesse de la municipalité ontarienne, Meed Ward, a pour sa part fait valoir, la semaine dernière, que Cogeco avait offert des « occasions d’envergure » pour la main-d’œuvre locale.

« J’ai parlé au président exécutif (des conseils d’administration de Cogeco et Cogeco Communications) Louis Audet (le 11 septembre) et il a réitéré ne pas avoir l’intention de vendre la participation qui confère le contrôle de la société », a-t-elle souligné dans un communiqué.

Altice USA a dans sa mire Atlantic Broadband, la division américaine de Cogeco. L’entreprise américaine aurait par la suite cédé à Rogers, pour environ 4,9 milliards, les activités canadiennes de la société québécoise. La famille Audet, qui contrôle Cogeco et Cogeco Communications par l’entremise de ses actions à droit de vote multiple, a refusé de céder depuis que la proposition a été rendue publique, le 2 septembre dernier.

Le ton a monté entre les deux parties la semaine dernière, lorsque Rogers et Altice USA ont affirmé que les conseils d’administration de Cogeco et Cogeco Communication n’avaient pas considéré leur offre de manière adéquate. L’entreprise québécoise avait répliqué aux deux compagnies en soulignant qu’elles avaient eu recours à des tactiques de « mauvaise foi » en dévoilant leur proposition tout en sachant que la famille Audet s’était prononcée contre.

« Peut-être qu’il y aura d’autres étapes dans cette affaire, mais une pause peut être justifiée avant que ces correspondants haussent le ton une nouvelle fois », a souligné Adam Shine, de la Financière Banque Nationale, dans une note envoyée la semaine dernière.

L’analyste avait ajouté que rien ne laissait présager que Cogeco et sa principale filiale étaient disposées à vendre la compagnie et qu’il était justifié de se demander si Altice USA et Rogers sauront convaincre la famille Audet de changer son fusil d’épaule.