(Francfort) Lufthansa, premier groupe de transport aérien européen, sauvé de la faillite par l’État allemand, a annoncé lundi des milliers de suppressions d’emplois supplémentaires, face à une reprise « nettement plus lente qu’attendue » après l’arrêt quasi total des vols en raison du coronavirus.

La compagnie, qui perd actuellement 500 millions d’euros par mois, va se séparer d’ici 2025 de 150 avions — sur une flotte totale de 763 —, contre 100 prévus initialement, ce qui entraîne « une augmentation » du nombre de « postes excédentaires » par rapport aux 22 000 (équivalent temps plein) déjà annoncés.

Le nombre exact de suppressions de postes visés n’a pas été communiqué et Lufthansa assure vouloir trouver des accords pour « limiter le nombre de licenciements secs », notamment à travers plus de temps partiel et donc des coupes de salaire. Ces négociations n’avancent que lentement.

D’ici le premier trimestre 2021, l’entreprise veut avoir supprimé 20 % des emplois-cadres.

L’ensemble de ses 14 Airbus A380 resteront cloués au sol sur le long terme : ils sont « retirés du planning » et ne pourront être réactivés qu’en cas d’une reprise « surprenante », a précisé l’entreprise dans un communiqué.

Le groupe, qui avait déjà définitivement sorti de sa flotte six A380, suit la tendance du secteur, qui se sépare de ses plus gros avions, déjà plus difficiles à exploiter de manière rentable avant la pandémie.

Les retraits d’avions vont peser sur le bilan au troisième trimestre à hauteur de jusqu’à 1,1 milliard d’euros.

Lufthansa avait déjà subi une perte nette de 3,6 milliards d’euros pour les six premiers mois, dont 1,5 milliard au deuxième trimestre, quand le pic de la pandémie avait entrainé l’arrêt quasi total de l’aviation mondiale.

Mais après une reprise estivale, la demande reste plombée sous l’effet d’obligations de quarantaine et d’avertissements de voyage du gouvernement allemand.

« Les chiffres des réservations et de passagers baissent à nouveau avec la fin de la période de voyages » cet été, note le groupe.

Au quatrième trimestre, Lufthansa — qui détient Swiss, Austrian Airlines et Brussels Airlines — ne s’attend désormais plus qu’à une offre représentant 20 % à 30 % du niveau de l’année dernière, alors que le groupe comptait précédemment atteindre 50 %.

Le groupe veut limiter l’hémorragie des pertes d’argent à 400 millions d’euros par mois cet hiver et vise une rentrée d’argent « courant 2021 ».

Le transporteur, qui perdait-7,95 % à 7,92 euros vers 10 h à la Bourse de Francfort, a bénéficié au printemps d’un plan de sauvetage de 9 milliards d’euros d’argent public, qui a fait du gouvernement allemand son premier actionnaire.