Les agriculteurs du Québec se mobilisent contre les « frais exorbitants » qui leur sont imposés par le géant Walmart et certains de ses concurrents.

L’Union des producteurs agricoles demande au Bureau de la concurrence du Canada d’enquêter sur cette affaire « dans le but d’interdire l’imposition » de ces frais supplémentaires annoncés ces derniers mois aux fournisseurs.

À la fin juillet, La Presse a dévoilé que Walmart Canada avait transmis une lettre à ses fournisseurs leur annonçant qu’ils financeraient une partie des investissements de 3,5 milliards prévus dans son réseau de magasins et son site web. Cet investissement majeur avait été annoncé publiquement quelques jours plus tôt.

Concrètement, depuis le 14 septembre, Walmart impose à ses fournisseurs des « frais de développement des infrastructures » de 1,25 % sur la marchandise vendue en magasin. Pour les biens offerts en ligne, des frais supplémentaires de 5 % sont ajoutés, pour un total de 6,25 %.

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Quelques jours plus tard, la centrale d’achats United Grocers inc. (UGI), qui représente 34 % du marché alimentaire du Canada (Metro, Couche-Tard et Dollarama notamment) a appris à ses fournisseurs qu’elle s’attendait à bénéficier des mêmes rabais que ceux consentis à Walmart.

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L’UPA juge que ces lettres « ont toutes les allures d’un accord entre les deux géants de l’alimentation pour forcer une baisse simultanée des prix payés à leurs fournisseurs, en l’occurrence agricoles et alimentaires ».

« Ce faisant, les producteurs agricoles québécois et canadiens perdent toute marge de manœuvre pour négocier le prix de leurs produits. Il est clair qu’une telle démarche exclura un nombre important de petits fournisseurs, les forçant ainsi à cesser leurs activités, faute de profitabilité, réduisant d’autant la concurrence sur le marché », écrit l’UPA dans un communiqué de presse.

Début août, sept associations représentant plus de 100 000 membres de l’industrie agroalimentaire canadienne ont réclamé l’intervention d’Ottawa. Dans un contexte où un nombre restreint de détaillants contrôle le marché, elles souhaitent l’imposition d’un code de conduite similaire à ceux qui existent dans certains pays d’Europe puisque le rapport de force est inégal, font-elles valoir.

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Selon Michael Graydon, président et chef de la direction de Produits alimentaires et de consommation du Canada, même les grandes multinationales « n’ont aucun pouvoir et doivent plier » devant les nouvelles exigences des détaillants. « C’est obscène. Je n’ai jamais vu une autre industrie comme celle-là », nous avait-il dit en août.