(New York) Le cloud a de beaux jours devant lui à Wall Street : pour sa première cotation à la Bourse new-yorkaise mercredi, l’action du groupe de stockage de données dans l’informatique à distance Snowflake a affolé les compteurs.

Le titre, dont le prix d’introduction avait été fixé à 120 dollars, a fini à 253,93 dollars sur le New York Stock Exchange (NYSE), soit une hausse de plus de 110 % en séance.

L’action a même atteint un pic à 319 dollars quelques minutes après sa cotation.

À la clôture de mercredi, la société, basée à San Mateo en Californie, pesait plus de 70 milliards de dollars en Bourse. Lors d’une levée de fonds en février, elle avait été valorisée à 12,3 milliards de dollars.

« Cela valide notre approche et la révolution que l’on peut faire à travers notre nuage de données », a réagi Benoît Dageville, l’un des cofondateurs français de Snowflake dans un entretien à l’AFP.

« C’est surprenant, mais c’est une validation de notre vision de départ », ajoute celui qui occupe désormais le poste de président des produits de l’entreprise.

Créée en août 2012 par M. Dageville et son compatriote Thierry Cruanes, deux anciens ingénieurs du géant des logiciels Oracle, Snowflake a su attirer de prestigieux investisseurs, faisant gonfler sa valeur à plus d’un milliard de dollars, même si la start-up n’a jamais dégagé de profit, à l’instar des autres « licornes » de la technologie.

Son nom, qui signifie flocon de neige en anglais, s’inspire de la passion pour le ski de ses fondateurs.

Avant sa flambée de mercredi, l’entrée en Bourse de Snowflake s’annonçait déjà comme la plus importante depuis le début de l’année et la plus grosse jamais réalisée pour une entreprise de logiciels, selon le cabinet Renaissance Capital.

Le titre de Snowflake s’échange sous le symbole SNOW sur le NYSE.  

Signe de l’intérêt suscité par l’entreprise à Wall Street, la société de portefeuille du milliardaire Warren Buffett, Berkshire Hathaway, et l’éditeur de logiciels Saleforce ont chacun accepté d’investir 250 millions de dollars dans Snowflake lors d’un placement privé simultané suivant l’IPO.

Berkshire va également racheter plus de 4 millions de titres d’un actionnaire de la start-up sur le marché secondaire.

De grandes sociétés d’investissement comme Altimeter, ICONIQ ou Sequoia ont aussi placé de l’argent dans Snowflake.

Plateforme unique

La société propose une plateforme unique sur laquelle il est possible de stocker toutes ses données et d’effectuer un nombre illimité de requêtes. L’idée est de faciliter leur gestion et leur exploitation.

« Ça permet à des compagnies de prendre des décisions, d’améliorer leurs produits, de mieux comprendre leurs clients et de créer des recommandations et des produits très ciblés en analysant les données », décrit M. Dageville.

Snowflake utilise des serveurs de fournisseurs de nuage comme Amazon, Microsoft et Google pour le stockage, tout en jouant sur le même terrain de jeu que les trois géants pour l’analyse de données.

Mais Snowflake assure proposer des tarifications différentes de celles de ces piliers de l’Internet.

La start-up garantit également un système « clef en mains », qu’il est possible d’installer en quelques minutes pour n’importe quelle entreprise.

Concernant la sécurité, les données sont notamment protégées par des millions de clefs de chiffrement.

Sur le plan financier, Snowflake a plus que doublé ses revenus au premier semestre 2020, de 104 millions de dollars à 242 millions, d’après un document déposé lundi auprès du gendarme de la Bourse américaine, la SEC.

L’entreprise affirme aussi qu’elle avait plus de 3100 clients fin juillet, dont Adobe, Capital One, Sony, AXA et Doordash.

Elle a en revanche enregistré une perte nette conséquente, de 171 millions entre janvier et juin 2020, à peine moins que les 177 millions en 2019 à la même période.

« On a des investissements énormes. En raison de notre croissance fulgurante, on réinvestit énormément de nos revenus pour grossir et créer une plateforme qui inclut le plus de régions possibles », justifie M. Dageville.

Le succès initial de Snowflake pourrait en tout cas être de bon augure pour Palantir, un autre spécialiste de l’analyse des données, qui s’apprête aussi à faire son entrée à Wall Street via une cotation directe.