Sans le savoir, les 4,5 millions de membres de MEC ont vendu « leurs » magasins de plein air à une société d’investissement privée de Los Angeles. La structure coopérative créée en 1971 sera donc démantelée.

Le détaillant vancouvérois a aussi annoncé lundi s’être placé à l’abri de ses créanciers afin de « faciliter la transaction ».

Le nouveau propriétaire est Kingswood Capital Management, une société établie en Californie qui investit dans la vente au détail, mais aussi dans l’énergie, les communications et les services de santé, notamment.

Le montant de la transaction n’a pas été dévoilé.

Le fonds privé s’est engagé à acquérir « la grande majorité » des magasins de détail, soit 15 sur 22, selon un document préparé par le contrôleur. Il n’a pas été possible, lundi soir, de savoir si les quatre du Québec (Montréal, Laval, Longueuil et Québec) en feront partie.

MEC, qui s’est longtemps appelé Mountain Equipment Coop, emploie 1500 personnes au pays, à son siège social, dans ses centres de distribution et dans ses magasins.

Le conseil d’administration de MEC a soutenu la vente de façon « unanime », a-t-on précisé dans un communiqué publié en fin de journée. Cette solution « renforcera le bilan » du détaillant et « préservera les emplois », fait-on valoir.

MEC était confronté à des « défis financiers persistants » au cours des dernières années. Ceux-ci ont été exacerbés par la pandémie et la fermeture forcée des magasins, ce qui a eu « un impact sur la capacité de MEC à obtenir un refinancement à des conditions qui répondraient [à ses] besoins futurs ».

Au cours de l’exercice clos en février 2019, le détaillant a perdu 11,5 millions sur des ventes de 462 millions. Des données plus récentes n’ont pas été dévoilées.

« Décision difficile »

Un comité spécial a fait un « examen approfondi » des options possibles. Il a contacté divers prêteurs potentiels, « exploré et exploité de manière proactive les programmes de soutien gouvernementaux applicables » et examiné « la possibilité de financement volontaire par les membres ».

Au bout du compte, le conseil d’administration « a pris cette décision difficile » de vendre la chaîne de magasins, a déclaré la présidente du conseil d’administration de MEC, Judi Richardson.

« L’annonce d’aujourd’hui, y compris la transition hors d’une structure coopérative, crée une voie positive pour MEC. L’engagement de Kingswood à respecter l’éthique de MEC et la base financière solide que cette transaction nous apportera nous donnent une grande confiance dans l’avenir », a-t-elle ajouté.

De son côté, Kingswood a précisé qu’il allait s’associer à des « partenaires opérationnels canadiens » qui travailleront avec l’équipe de direction de MEC après l’acquisition « pour assurer un avenir brillant à MEC ».

La nouvelle filiale canadienne de Kingswood sera dirigée par Eric Claus, décrit comme un membre de longue date de MEC et un Canadien. Il occupera à la fois le poste de président du conseil d’administration et celui de PDG.

Dans un document soumis aux tribunaux, le contrôleur Alvarez & Marsal Canada a fait des prévisions pour les 11 semaines qui se termineront le 29 novembre. La période devrait se solder par des flux de trésorerie négatifs de 11,6 millions sur des ventes de 68 millions.

Selon ces prédictions, un financement intérimaire pouvant atteindre 89 millions risque d’être nécessaire. Il sera accordé par les banques RBC, CIBC et TD, qui prêtent déjà à MEC depuis des années.

Clients mécontents

Sur Facebook, la dernière publication officielle de MEC en anglais est datée du 2 juin. Le détaillant avait alors annoncé qu’il cessait toute publication sur les réseaux sociaux jusqu’au 7 juin « en solidarité avec les communautés noires ». Le geste a été apprécié de certains, mais les internautes mécontents du service à la clientèle ont été plus nombreux à s’exprimer.

La page en français a plutôt cessé d’être alimentée le 24 juin. « En l’honneur de la Fête Nationale du Québec, on vous présente cinq merveilles d’ici où planter votre tente pour un séjour en nature plus que parfait ! »

La coopérative est arrivée au Québec en 2003, avec une première succursale au Marché central à Montréal. Les parts coûtent 5 $, le même prix qu’à l’origine. Questionnée au sujet de ces millions de contributions, une porte-parole n’a pas été en mesure de nous dire lundi soir si les membres reverraient la couleur de leur argent.