Emmanuel Boileau œuvre en recrutement depuis 25 ans. L’entrepreneur associé de la firme GXB Leadership et actionnaire de Fauve et Klondike note, comme d’autres recruteurs, qu’il y a beaucoup de biais inconscients dans son domaine.

Est-ce possible d’amoindrir la discrimination à l’embauche ? Avec Talento, qui sera lancée officiellement le 28 septembre, les entreprises pourraient peut-être y arriver. Cette plateforme permet de présélectionner de façon automatisée des candidats en se concentrant sur leur expérience et les critères d’embauche recherchés. « On ne se le cachera pas, il y a beaucoup de biais inconscients en recrutement dans les sociétés nord-américaines et européennes, dit Emmanuel Boileau. Dans certains métiers, des gars recrutent entre eux. Ou encore, certains hésitent à engager des gens, en se disant que leur religion va venir modifier la routine au travail… »

Des entreprises telles Desjardins, la Banque Nationale, Bell, Vidéotron et le CN mettent en place des politiques claires d’inclusion et des systèmes qui appuient les gestionnaires en ressources humaines. « Mais dans la PME, il faut survivre », note Emmanuel Boileau.

Avec Talento (www.talento.ai), les candidats potentiels deviennent génériques, en quelque sorte, lorsqu’ils s’intéressent à une offre d’embauche. L’employeur qui utilise la plateforme peut faire une présélection de toutes les candidatures avec des questions binaires, axées sur l’expérience ou la branche de diplomation, par exemple. Les réponses peuvent ne pas être genrées, au début du processus de sélection. « On offre aux clients une plateforme avec un robot qui ne sait pas à qui il a affaire, explique Emmanuel Boileau. On ne pourra pas savoir, au départ, si l’ingénieur est un homme ou une femme, par exemple. On aura en entrevue, par la suite, les meilleurs candidats, point, pour un poste donné. »

À la base, un tel outil limite le nombre de candidatures à scruter par le département de ressources humaines ainsi que les actions répétitives.

Regarder 200 CV ne fait plus de sens. Là, on classe les candidatures en une fraction de seconde. La personne aux ressources humaines va faire son vrai travail d’entrevue et de valeur ajoutée.

Emmanuel Boileau, président de Talento

En développement continu, Talento permet déjà la prise de rendez-vous automatisée, une fois la présélection terminée, ainsi que la gestion des communications avec tous les candidats, même même ceux qui n’ont pas été retenus. On espère que le robot pourra éventuellement dialoguer avec les candidats, qu’il y aura plus d’intelligence émotionnelle dans le processus, au fur et à mesure qu’on colligera des données. Les concepteurs de Talento souhaitent aussi que leur plateforme se greffe éventuellement aux logiciels de recrutement des départements de ressources humaines.

Il en coûte, présentement, de 500 $ à 1000 $ pour l’utiliser lors d’une campagne de recrutement. « D’après nos recherches, les clients ne veulent pas de modèle de vente de licence », affirme Emmanuel Boileau.

Jusqu’ici, 1,3 million de dollars ont été investis dans la plateforme par M. Boileau, les partenaires de ses entreprises de recrutement ainsi que par la BDC et Investissement Québec.