(Paris) Le groupe pétrolier français Total a annoncé lundi mettre fin à son rôle « d’opérateur » pour cinq secteurs d’exploration au Brésil, dans l’embouchure de l’Amazone, où ses projets de forages menés avec plusieurs partenaires étaient contestés par des organisations de défense de l’environnement.

Dans un communiqué, Total « annonce avoir notifié le 19 août 2020 à ses partenaires sa démission de son rôle d’opérateur de cinq blocs d’exploration situés dans le bassin de Foz do Amazonas, à 120 kilomètres au large du Brésil », sans donner aucun détail sur les raisons et les effets de cette décision.

Contacté par l’AFP, le groupe n’a pas souhaité faire de commentaires supplémentaires.

Le groupe indique dans son communiqué que les blocs d’exploration concernés « sont référencés FZAM-57, FZA-M-86, FZA-M-88, FZA-M-125 et FZA-M-127 », et sont situés dans le bassin de Foz do Amazonas, à 120 km au large du Brésil.

Il indique avoir informé l’Agence nationale du pétrole, du gaz naturel et des biocarburants (ANP) « de cette décision, qui ouvre une période de 6 mois durant laquelle un nouvel opérateur sera désigné et à qui les activités d’opérateur seront transférées. Durant cette période, Total a l’obligation de continuer de mener les processus administratifs pour le compte de ses partenaires Petrobras et BP ».

Total s’est associé en 2013 avec le britannique BP et le brésilien Petrobras pour acquérir des blocs d’exploration dans l’embouchure de l’Amazone.

Dans la zone, selon un communiqué de Greenpeace publié le 4 septembre, le groupe français a « relancé le processus d’acquisition des licences environnementales pour forer près du Récif de l’Amazone, un écosystème unique et vulnérable, encore méconnu ».

L’association environnementale rappelle également que « l’agence environnementale brésilienne Ibama avait pourtant rejeté ce projet en décembre 2018, en raison d’un trop grand nombre de problèmes techniques et de risques environnementaux ».

En décembre 2018, Total s’était en effet vu refuser la licence environnementale pour effectuer des forages dans les blocs d’exploration en question, en raison d’« importantes incertitudes » lors de situations d’urgence, la presse locale ayant à l’époque notamment évoqué « la possibilité d’une fuite de pétrole qui pourrait affecter les récifs coralliens présents dans la région et par extension la biodiversité marine ».

Lundi, Edina Ifticène, chargée de campagne pétrole chez Greenpeace France, a estimé auprès de l’AFP que « ce n’est pas parce que Total renonce à son rôle d’opérateur qu’il se retire du projet : à ce stade il reste actionnaire et ne renonce pas à ses parts ».