(Montréal) Après une pause d’environ deux mois, les autorités réglementaires européennes ont recommencé à étudier la transaction proposant de faire passer Transat A. T. sous l’aile d’Air Canada en se donnant encore quelques mois pour trancher.

Pendant que le voyagiste québécois continue de repousser la « date butoir » de sa vente, la Commission européenne, qui attendait de la documentation supplémentaire de la part des deux sociétés, se donne désormais jusqu’au 12 décembre pour trancher.

« Ce sont des études économiques concernant la concurrence, a expliqué mardi un porte-parole du voyagiste québécois, Christophe Hennebelle, au cours d’un entretien téléphonique. Il y a des informations extrêmement importantes et fouillées qui ont été transmises dans les meilleurs délais. »

De son côté, Air Canada n’a pas fourni de précisions. Dans un courriel, sa porte-parole Pascale Déry a indiqué que le processus « réglementaire suit toujours son cours ».

Les autorités réglementaires européennes avaient décidé de se pencher de manière approfondie sur la transaction de 720 millions après avoir soulevé des préoccupations selon lesquelles le regroupement pourrait entraîner une hausse des prix et une diminution de l’offre.

L’analyse préliminaire de la Commission soulignait notamment que la concurrence pourrait s’amenuiser sur 33 liaisons entre le Canada et le Vieux Continent si Air Canada devait acquérir le voyagiste québécois. En mars, le Bureau de la concurrence du Canada avait également réservé un accueil défavorable à la transaction, mais son analyse avait été menée avant l’éclosion de la pandémie.

La décision du gouvernement Trudeau est toujours attendue.

Toujours des doutes

Initialement prévue pour le deuxième trimestre, la clôture de la transaction est maintenant attendue « pour le début » du quatrième trimestre de l’année civile, selon Transat A. T. À la Bourse de Toronto, le titre du voyagiste a clôturé mardi à 5,21 $, en baisse de 2 cents, ou 0,38 %. Cela est largement inférieur au prix de 18 $ par action proposé par Air Canada, ce qui signifie que les investisseurs ne sont pas convaincus que la transaction ira de l’avant ou que le prix d’achat demeurera le même.

« Lorsque l’on analyse la transaction, plus d’un an plus tard, le prix offert par Air Canada semble très élevé, a souligné Jacques Roy, professeur de gestion des transports aux HEC Montréal, en entrevue téléphonique. Ajoutons le contexte de la COVID-19, il est clair que ce n’est pas avantageux de payer autant pour Transat. »

M. Roy a ajouté qu’il était difficile de prévoir si le prix serait renégocié ou si la transaction se concrétisera puisque les deux compagnies sont très prudentes dans leurs commentaires sur le processus en cours.

En dévoilant ses résultats du deuxième trimestre, le 11 juin dernier, Transat A. T. avait signalé que « certains facteurs hors de son contrôle et liés à la pandémie » pourraient influencer le « résultat » de l’arrangement intervenu avec Air Canada. La compagnie avait toutefois affirmé être « fermement engagée » à l’endroit de la transaction.

La nouvelle date butoir est maintenant le 27 septembre, en vertu du troisième report décrété par le voyagiste québécois. Elle peut également être repoussée de trois mois de plus, soit jusqu’à la fin décembre, mais davantage de critères doivent être respectés. En attente des décisions d’Ottawa et des autorités européennes, Transat A. T. devrait continuer à repousser l’échéance pour la conclusion de sa vente.

Si la transaction avorte, Air Canada devra payer une indemnité de rupture pouvant atteindre 40 millions.

Note aux lecteurs : Version corrigée : bien lire au 2e paragraphe que la Commission se donne jusqu’au 12 décembre pour trancher. Une version transmise précédemment faisait état du 11 décembre.