Une Américaine à la longue expérience dans la vente au détail a été recrutée par le détaillant montréalais Groupe Dynamite à titre de présidente. Entrée en fonction juste avant la pandémie, Elizabeth Edmiston a passé les sept dernières années à Hong Kong où elle a travaillé pour Levi’s et Calvin Klein après des passages chez Victoria’s Secret, Polo Ralph Lauren et Gap.

Au bout du fil, le propriétaire des enseignes Dynamite et Garage, Andrew Lutfy, ne tarit pas d’éloges au sujet de Mme Edmiston, dénichée après presque un an de recherches partout dans le monde. « Je suis épaté de l’avoir. C’est une femme remarquable. […] Elle aime créer de la valeur, c’est une personne axée sur la croissance. »

L’expertise très pointue qui était recherchée « n’existe pas ici » selon l’homme d’affaires, ce qui explique « ce gros déménagement » de l’Asie jusqu’au Québec.

La nouvelle n’a pas encore été dévoilée publiquement en raison de la pandémie. La Presse a découvert qu’Elizabeth Edmiston était la nouvelle présidente du Groupe Dynamite quand elle a participé à un webinaire sur la vente au détail organisé aux États-Unis il y a quelques jours.

La dirigeante s’est installée à Montréal en plein mois de janvier avec sa famille et elle est entrée en fonction quelques semaines avant la pandémie.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Elizabeth Edmiston, nouvelle présidente du Groupe Dynamite

« On avait un plan de 30 jours, 60 jours, 90 jours. Écoute, après deux semaines, je ne savais plus où était le papier, le document. C’est tout tombé de côté. On a été agiles. […] Chaque jour était comme une semaine, chaque semaine c’était comme trois mois. Dans le pire, on avait 90 ou 95 % de notre personnel mis à pied temporairement », raconte Andrew Lutfy.

Elizabeth Edmiston ne sait pas par où commencer quand on lui demande de nous décrire son premier mois de travail. Elle éclate de rire avant de dire que ce fut « comme un choc, une vague ».

Je devais gérer la croissance, mais je fermais les magasins. Nous avons accompli des actions tellement rapides. C’était un cours en accéléré incroyable… que je ne recommande à personne !

Elizabeth Edmiston

Les évènements continuent évidemment de se bousculer des deux côtés de la frontière. Tandis que les boutiques viennent à peine de rouvrir à New York, voilà qu’elles referment en Californie. Au Québec, les deux boutiques du DIX30 ont dû être fermées puisque des employés avaient contracté la COVID-19 « après être allés prendre une bière au Mile Public House ».

Céder les rênes après trois ans

Depuis plus de trois ans, Andrew Lutfy dirigeait lui-même son entreprise de 6000 employés.

On se rappellera qu’à l’hiver 2017, Anna Martini avait quitté le Groupe Dynamite à la surprise générale dans le milieu du détail. La comptable de formation a été présidente de l’entreprise pendant près de 13 ans. Andrew Lutfy l’avait convaincue en 2004 de quitter Deloitte, après 19 ans de service, pour se consacrer à la mode pour jeunes femmes. Les raisons de son départ demeurent confidentielles.

L’homme d’affaires raconte avoir pris les rênes parce que l’entreprise avait besoin d’un « repositionnement stratégique ».

Dans la foulée, le Groupe Dynamite s’est doté l’an dernier de son premier conseil d’administration. Aucun des membres ne fait partie de la famille du propriétaire, tient à préciser M. Lutfy. Ce sont plutôt des personnes « stimulées par la croissance » avec de l’expertise « dans le monde du luxe, la technologie et le financement privé ». Leurs rencontres ont mené à la recherche d’un nouveau chef.

Ambitions aux États-Unis

Elizabeth Edmiston, qui ne connaissait pas l’entreprise montréalaise, nous a raconté avoir accepté le poste pour des raisons personnelles et professionnelles. Elle voulait revenir vivre en Amérique pour se rapprocher des siens. Et elle était stimulée par le défi. « J’aime construire des marques et je préfère les entreprises intégrées verticalement. […] J’aime aussi faire croître les marques à l’international. Alors c’est un poste de rêve pour moi. […] Les deux marques ont tellement de potentiel. »

La mission première de Mme Edmiston sera de faire croître l’entreprise. Le nombre de boutiques pourrait encore doubler au Canada et « faire fois 10 aux États-Unis », suppose M. Lutfy.

Le Groupe Dynamite compte 350 magasins, dont 120 Garage et 3 Dynamite au sud de la frontière. Ceux-ci sont « quand même assez rentables ». Ce qui, en soi, est un exploit, selon l’homme d’affaires. « Être rentable [aux États-Unis], c’est quasiment mission impossible ! »

La nouvelle présidente est aussi d’avis que son pays d’origine « n’est pas un marché facile » pour les marques étrangères, mais elle croit avoir l’expertise nécessaire pour le conquérir.