Les bars qui ont un permis du MAPAQ leur permettant de pratiquer des activités de restauration pourront rouvrir comme les restaurants, le 22 juin, en respectant bien sûr le guide de normes sanitaires élaboré pour ce secteur. Les autres bars doivent encore attendre. Aucune date n’a été mentionnée pour leur relance.

Andrew Whibley, copropriétaire des bars Cloakroom et Stillife, fait partie de ceux qui sont encore dans l’attente. Ses deux adresses sont spécialisées en cocktails et spiritueux haut de gamme. Selon le bartender, qui a remporté plusieurs concours internationaux, la seule avenue viable pour les bars comme les siens serait un assouplissement de la loi lui permettant de vendre des cocktails artisanaux à emporter. L’Ontario, la Colombie-Britannique et New York l’ont fait.

« De toute manière, cet été, c’est dehors que ça va se passer. Mes bars n’ont pas de terrasse et je ne pense pas que les gens vont avoir tant envie que ça de s’enfermer dans les bars. Si je pouvais vendre des cocktails en bouteille que les gens peuvent boire dans leur cour, par exemple, ça ferait une bonne différence. Ce n’est pas en vendant des t-shirts et autres produits dérivés qu’on va réussir à survivre. »

Quelle est la différence entre boire de l’alcool sans nourriture assis dans un restaurant (ce qui serait permis si le projet de loi 61 était adopté) et boire de l’alcool sans nourriture assis dans un bar, peut-on se demander ?

« C’est plus à risque, clairement, de consommer de l’alcool seul, sans manger, que de prendre une consommation à un repas », a déclaré le DRichard Massé, adjoint du directeur national de santé publique, pendant la conférence de presse de lundi après-midi.

On baisse beaucoup moins la garde quand on mange un repas tranquillement puis qu’on prend un peu d’alcool. Si on prend beaucoup d’alcool et seulement de l’alcool, là, c’est une autre chose. Ça peut être très agréable, mais c’est des risques clairement différents.

Le DRichard Massé, adjoint du directeur national de santé publique

Non aux tournées de shooters

Au ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ), on nous confirme que ce sont en effet les « activités de restauration » qui sont déconfinées et non les activités de bar, avec tournées de shooters et pistes de danse.

Alain Rochard, propriétaire du bar à vin Rouge Gorge et membre fondateur de la Nouvelle association des bars du Québec (NABQ), est titulaire d’un permis de bar ET d’un permis de restauration du MAPAQ. Il a bien l’intention d’ouvrir selon les règles du jeu à compter du 22 juin. Il s’en réjouit, même, et croit qu’en fonctionnant à environ 60 % de sa capacité habituelle et en utilisant les programmes d’aide offerts, il devrait arriver à joindre les deux bouts.

Ce n’est pas le cas au Loïc, où la confiance a été ébranlée après une visite du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), à la fin de mars. Plusieurs bars avec un menu en bonne et due forme, voire une offre carrément gastronomique, avaient compris qu’ils pouvaient, comme les restaurants, proposer de la nourriture pour emporter, mais aussi de la bière, du cidre et du vin, alors que, ironiquement, ils n’avaient que le droit de préparer des plats pour emporter, sans alcool.

Max Ruiz Lang, copropriétaire du Loïc, craint qu’une expérience semblable se reproduise. « Qui va venir s’assurer qu’on respecte le protocole à la lettre ? Va-t-on nous mettre en infraction pour un détail ? Et de toute manière, dans une petite salle comme la nôtre, est-ce que ça vaut vraiment la peine de rouvrir à capacité réduite ? Plusieurs tout petits restos et bars avec permis de resto vont se poser la question. »

À la NABQ, on continuera de défendre les intérêts de ceux qui ne savent toujours pas quand ils pourront rouvrir, comme les bars à cocktails et autres établissements de qualité qui font la réputation de la vie nocturne montréalaise, par exemple. Elle continuera également à se battre pour que les bars indépendants aient les mêmes droits que les restaurants, notamment en ce qui concerne la vente d’alcool pour emporter.