(Toronto) La Banque TD et la Banque CIBC ont dévoilé jeudi des résultats similaires à ceux des autres grandes institutions financières canadiennes, en affichant une baisse importante de leurs bénéfices et une augmentation de leurs provisions pour pertes sur créances.

La TD a vu son bénéfice glisser à près de 1,52 milliard, ou 80 cents par action, contre 3,17 milliards, ou 1,70 $ par action, un an plus tôt.

Les analystes s’attendaient en moyenne à un bénéfice ajusté de 89 cents par action pour le trimestre, selon les prévisions recueillies par la firme de données financières Refinitiv.

Sur une base ajustée, la banque a gagné 85 cents par action au cours de son dernier trimestre, contre 1,75 $ au même trimestre l’an dernier.

« Nous avons affronté d’énormes vents contraires ce trimestre […] alors que nous absorbions une hausse substantielle des provisions pour nos prêts productifs ainsi que la pression du marché attribuable à la forte baisse des taux d’intérêt », a expliqué le chef de la direction, Bharat Masrani, lors d’une conférence téléphonique avec des analystes.

« C’était un trimestre difficile, sans aucun doute, mais il a démontré la résilience de notre modèle et de notre stratégie. »

Les résultats étaient semblables à ceux partagés plus tôt cette semaine par plusieurs des autres grandes banques, et à ceux de la Banque CIBC, qui a tenu sa téléconférence trimestrielle quelques heures avant celle de la TD.

La CIBC a révélé qu’elle avait gagné 392 millions, ou 83 cents par action, pour son deuxième trimestre, en baisse par rapport au bénéfice de 1,35 milliard, ou 2,95 $ par action, au même trimestre l’an dernier.

Sur une base ajustée, son bénéfice a atteint 94 cents par action, une baisse par rapport à celui de 2,97 $ par action pour la même période l’an dernier.

Les analystes s’attendaient en moyenne à un bénéfice ajusté de 1,58 $ par action pour le trimestre clos le 30 avril, selon les prévisions recueillies par Refinitiv.

« C’est notre moment de vérité », a affirmé le chef de la direction de la banque, Victor Dodig, lors d’une conférence téléphonique avec des analystes.

Alors que les conditions qui ont créé ces baisses ne devraient pas se résorber bientôt, la banque a les ressources pour faire face à de tels problèmes, a estimé M. Dodig.

« Les vents contraires économiques devraient être présents à court terme », a-t-il expliqué.

« Bien qu’il y ait de nombreuses inconnues liées à la pandémie, à ses effets sur l’économie et à la voie de la reprise, ce qui est certain, c’est que notre forte liquidité en capital nous permettra de résister aux tensions actuelles. »

Les résultats des banques ont été largement alourdis par les programmes de report de paiement qu’elles ont mis en place pour soulager les Canadiens aux prises avec des difficultés financières. Leurs provisions pour pertes sur créances étaient beaucoup plus élevées qu’au cours des trimestres précédents.

Celles de la TD ont grimpé à près de 3,22 milliards, contre 633 millions au cours de la même période il y a un an, tandis que la CIBC a mis de côté un total de 1,41 milliard, en hausse par rapport à celui de 255 millions du deuxième trimestre de l’an dernier.

Au cours de la semaine, toutes les grandes banques canadiennes ont annoncé une augmentation spectaculaire de leurs provisions pour pertes sur créances en raison de la pandémie.

Certains de leurs dirigeants ont averti que la pandémie n’entraînerait « pas une récession habituelle » et ont souligné que l’économie grattait « le fond du baril ».

Ils ont laissé entendre que leurs provisions pour pertes sur créances pourraient augmenter — une prévision que certains analystes ont faite, en disant s’attendre à beaucoup d’incertitude et de nouvelles baisses au cours des prochains trimestres.

L’analyste John Aiken, de Barclays, a observé jeudi dans une note aux investisseurs que la CIBC avait choisi de prendre des réserves importantes à l’avance et a estimé que cela devrait être considéré comme positif.

« Cependant, étant donné la réception tiède que la Royale a obtenue quand elle a adopté une stratégie similaire, nous ne sommes pas certains que les implications seront immédiatement récompensées par le marché », a-t-il ajouté.

Grâce à de solides allocations et à un bon ratio de capital, les perspectives relatives de la CIBC semblent s’être améliorées.

M. Aiken a aussi remarqué que la TD faisait preuve d’une « résilience sous-jacente » dans son modèle d’affaires, et avait profité de solides contributions avec ses expositions aux marchés financiers et au courtage de détail.

« La TD semble avoir adopté une approche plus conservatrice du provisionnement que les banques qui ont dévoilé leurs résultats en premier », a-t-il observé.

« Bien que nous nous attendions à ce que la TD profite de la vigueur relative de ses bénéfices, nous pourrions également voir le marché adopter une vision révisionniste pour les banques en estimant qu’elles n’ont peut-être pas été aussi conservatrices dans leur approche des perspectives pour le crédit. »