« L’environnement actuel équivaut à aller où personne n’est encore jamais allé. C’est de la finance à la Star Trek. L’épisode n’est pas terminé et on se méfie encore des Klingons », dit Louis Vachon.

Le PDG de la Banque Nationale a utilisé cette image de fiction mardi soir au cours d’une conférence téléphonique en répondant à la question d’un analyste qui souhaitait obtenir plus de précisions sur l’évolution prochaine des provisions pour pertes sur prêts.

La Banque Nationale a dévoilé en fin de journée une performance trimestrielle printanière durement affectée par la pandémie, mais qui surpasse néanmoins les attentes de Bay Street.

Des dotations aux pertes de crédit six fois plus élevées qu’il y a un an sont comptabilisées à la suite de la détérioration des perspectives macroéconomiques en lien avec la crise du coronavirus.

La Banque Nationale et la Scotia étaient les premières grandes banques canadiennes à présenter, mardi, leurs plus récents résultats financiers. Comme la performance couvre les mois de février, mars et avril, les investisseurs viennent d’obtenir une première idée de l’impact de la COVID-19 sur deux des six plus grandes institutions bancaires au pays.

Les activités de la Banque Nationale étant particulièrement concentrées au Québec — la province la plus durement touchée par le coronavirus — les commentaires du PDG Louis Vachon sont d’un grand intérêt.

« Le portrait économique se stabilise [au Québec] et l’économie rouvre. Les perspectives pour l’ensemble de la province demeurent favorables en raison de la force structurelle du Québec, incluant des finances publiques saines, une économie bien diversifiée, un consommateur moins endetté, et un système financier bien développé pour appuyer les entreprises locales », dit Louis Vachon.

Le PDG insiste pour dire qu’il faut analyser le trimestre en deux parties : avant le début de la pandémie et après. « Nous avons débuté le trimestre en enregistrant une très bonne première moitié. Mais à la mi-mars, nous avons ont été affectés par une baisse d’activités en raison des mesures de confinement strictes qui encourageaient les Canadiens à rester à la maison. Ces mesures ont eu un impact significatif sur le momentum de plusieurs de nos lignes d’affaires, incluant nos hypothèques, prêts et cartes de crédit. »

Si bien que la banque compte maintenant plus de 110 000 dossiers-clients de reports de paiement.

« À l’heure actuelle, il est impossible de prédire la sévérité et la durée de la pandémie et son incidence sur l’économie et sur la performance future de la banque. Mais nous voyons des signaux clairs indiquant que l’économie rebondit depuis le creux d’avril », soutient Louis Vachon.

« Malgré la situation sans précédent, nos activités résistent bien, et les revenus de tous nos secteurs d’exploitation sont en hausse, à commencer par ceux des secteurs des Marchés financiers et de Gestion de patrimoine », a-t-il ajouté.

La Nationale a généré un résultat net de 379 millions pour le trimestre, en recul de 32 % par rapport à 558 millions il y a un an.

Le résultat dilué par action s’établit à 1,01 $. Il était de 1,51 $ un an plus tôt. Le consensus des analystes, tel que recensé par la firme Refinitiv, s’articulait à 94 cents par action.

La direction attribue la baisse des résultats à l’augmentation « considérable » des dotations aux pertes de crédit, une conséquence directe des répercussions anticipées sur les clients éprouvant des ennuis surtout causés ou amplifiés par la pandémie.

Pour le trimestre, la banque enregistre des dotations aux pertes de crédit de 504 millions, l’estimation la plus « prudente » à ce jour compte tenu des perspectives macroéconomiques incertaines, selon Louis Vachon. Elles s’élevaient à 84 millions à la même période l’an passé.

Les frais autres que d’intérêts ont été affectés également, en raison notamment des mesures déployées pour protéger la santé et garantir la sécurité des employés qui servent les clients dans les circonstances actuelles.

Avant dotations aux pertes de crédit et charge d’impôts en équivalent imposable, le résultat atteint 991 millions, en hausse de 20 % sur un an.

L’action de la Banque Nationale s’est appréciée de 6 % mardi à 57,08 $ à Toronto.

La Banque Royale et la Banque de Montréal dévoilent à leur tour leurs résultats financiers mercredi. La TD et la CIBC suivront jeudi, alors que la Laurentienne diffusera les siens vendredi.