(Calgary) Un groupe représentant les emballeurs et transformateurs de viande du Canada s’attend à encore plus d’ajustements au cours des prochains mois pour s’assurer que les travailleurs soient protégés contre la COVID-19.

Le président du Conseil des viandes du Canada, Chris White, affirme que 77,5 millions en fonds fédéraux destinés à l’industrie agroalimentaire seront utilisés pour effectuer des changements supplémentaires dans les usines, et non pour financer les mesures déjà implantées.

« Il y a une attente assez forte pour que de nouveaux efforts d’atténuation soient mis en place », affirme Chris White.

« Dans les discussions que l’industrie a eues avec l’Agence canadienne d’inspection des aliments, tout le monde essaie de déterminer ce que nous pouvons faire d’autre pour mieux protéger les travailleurs. »

Le secteur de l’emballage de viande a été durement touché par la crise sanitaire.

Cargill a temporairement fermé des usines à High River, en Alberta, et à Chambly, au Québec, après des éclosions de COVID-19. Olymel a fermé son usine d’abattage et de transformation de porcs à Yamachiche, au Québec, et l’usine de viande de bœuf JBS à Brooks, en Alberta, est temporairement passée à un quart de travail par jour.

PHOTO CHRISTINNE MUSCHI, REUTERS

L'usine Cargill de Chambly

Les exploitations de Cargill et JBS en Alberta représentent 70 % de la production de bœuf du Canada.

« Je pense que cela a pris le monde entier au dépourvu, soutient M. White. À certains égards, les usines de transformations de viande ont été un peu des canaris dans la mine de charbon. »

Il n’est pas possible de reconstruire les usines, a-t-il fait valoir, mais les mesures de sécurité ont évolué depuis les premières éclosions dans les installations.

« À la fin de chaque journée, nous faisons une évaluation et les usines font part de ce qui a bien fonctionné. »

« Peut-on effectuer des modifications pour rendre certaines parties de l’usine plus automatisées qu’elles ne le sont actuellement ? Est-ce que ça veut dire qu’une usine devrait fermer pendant une période prolongée pour effectuer ce type de rénovation ? Il y a des discussions assez importantes qui doivent avoir lieu. »

Les autorités fédérales affirment que l’aide financière d’urgence à l’intention du secteur de la transformation alimentaire pourrait ne pas être distribuée avant la fin du mois de septembre. Ces fonds sont destinés à aider les entreprises à se procurer plus d’équipements de protection pour les travailleurs et à moderniser et rouvrir les installations fermées.

Rob Meijer, chef du développement des affaires pour JBS Canada, a déclaré que l’entreprise se concentre sur la collaboration avec les employés, les éleveurs, les responsables de la santé publique et la communauté de Brooks pour réduire la transmission du nouveau coronavirus.

« Nous continuerons de surveiller attentivement les tests de COVID-19 et notre atténuation des risques sur une base quotidienne, et prendrons toutes les décisions sur les mesures d’atténuation supplémentaires sur la base des meilleures données disponibles », a-t-il déclaré.

Un responsable de la section locale 401 des Travailleurs unis de l’alimentation et du commerce, qui représente les salairés de ces deux usines de bœuf de l’Alberta, convient qu’il est peu probable que les entreprises construisent de nouvelles installations.

Michael Hughes estime que tout changement devrait impliquer des consultations avec les travailleurs.

« Il y a beaucoup de choses qu’ils pourraient faire […] comme ralentir la vitesse de la ligne, ne pas avoir le même niveau de production qu’avant la COVID-19, des règles de prédistanciation sociale », illustre le représentant syndical.

« C’est à nos yeux quelque chose qui doit être discuté, car nous devons vraiment examiner l’ensemble du système alimentaire. »

Selon lui, un examen de tous les « coins et recoins » des usines s’impose pour évaluer leur sécurité dans la foulée de la pandémie.

Michael Hughes avance que la pandémie nécessite.

« Dorénavant, si 250 personnes utilisent les touches sur un four à micro-ondes à tous les jours, cela représente soudainement un risque pour la santé et la sécurité, et notre comité a le défi d’évaluer ce genre de chose. »