Alors que le Cirque du Soleil est toujours à la recherche d’une façon de se renflouer ou d’un éventuel acquéreur, il affirme ne pas avoir cogné à la porte de l’État québécois dans le but de contracter un prêt de plusieurs centaines de millions de dollars.

Son président du conseil d’administration, Mitch Garber, a indiqué, dans un courriel envoyé jeudi à La Presse canadienne, que l’entreprise de divertissement n’avait pas « demandé au gouvernement un dollar de financement ».

L’homme d’affaires réagissait ainsi à une récente dépêche de l’agence Bloomberg à l’effet que le Cirque discutait avec Investissement Québec (IQ) afin que le bras financier de l’État lui prête jusqu’à un demi-milliard de dollars canadiens.

« Quant à savoir si un ou des acheteurs potentiels aient demandé au gouvernement de leur prêter un million ou un milliard de dollars, je ne sais pas, mais demander au gouvernement un prêt de 500 millions semble absurde », a écrit M. Garber.

Parallèlement, jeudi, le président et chef de la direction de Québecor, Pierre Karl Péladeau, qui avait exprimé son intérêt à l’endroit du Cirque la semaine dernière, a été avare de commentaires sur le dossier, en marge de l’assemblée annuelle des actionnaires du conglomérat de télécommunications.

Traînant une dette estimée à plus de 900 millions US, le Cirque vient d’obtenir un financement d’urgence de 50 millions US auprès de ses trois principaux actionnaires — TPG Capital (60 %), la firme chinoise Fosun (20 %) et la Caisse de dépôt et placement du Québec (20 %).

En plus d’étudier tous les scénarios, y compris celui où elle se placerait à l’abri de ses créanciers, la compagnie a commencé ses démarches afin de dénicher un investisseur ou un acquéreur, ou de renégocier une autre injection de capitaux auprès de ses propriétaires actuels.

Autant à Québec qu’à Ottawa, le Cirque a récemment ajouté des mandats à ses inscriptions aux registres des lobbyistes afin de solliciter un coup de pouce financier dans le but de traverser la tempête déclenchée par le nouveau coronavirus.

Puisque le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, n’a jamais fermé la porte à une éventuelle aide du gouvernement Legault, tout porte à croire qu’IQ sera mis à contribution dans la relance du Cirque, qui a annulé ses 44 spectacles en plus de licencier la quasi-totalité de son effectif — environ 4700 personnes — en raison de la pandémie de COVID-19.

Au cours d’un point de presse téléphonique, à la suite du rendez-vous annuel de Québecor, M. Péladeau, interrogé à maintes reprises, a affirmé qu’il ne voulait pas discuter publiquement d’une « transaction qui pourrait se produire ». Il n’a pas été possible de savoir si le conglomérat avait eu accès aux livres financiers du Cirque, ce qu’il déplorait la semaine dernière, faute d’une entente de confidentialité.

« C’est difficile de penser qu’une situation financière peut être plus précaire que celle (du Cirque), a affirmé l’actionnaire de contrôle de Québecor. Il est important d’agir rapidement pour assurer la pérennité du Cirque. »

Jeudi, Guy Laliberté avait laissé entendre qu’il pourrait s’impliquer dans le sauvetage de l’entreprise qu’il a fondée en 1984, trois mois après avoir retiré ses dernières billes. Dans une lettre ouverte, il avait évoqué diverses catégories d’acteurs « prêts à sauter dans l’arène » en vue d’un « combat royal ».

La missive de l’homme d’affaires évoquait les actionnaires actuels, les détenteurs de la dette du Cirque, les gouvernements, des joueurs du secteur du divertissement, des « requins » qui veulent acheter la compagnie pour une « bouchée de pain » et les autres « qui n’ont aucune compétence ni expérience dans la gestion d’entreprises culturelles de cette envergure » et qui sont « les plus dangereux pour l’avenir du Cirque ».

Interrogé à ce sujet, M. Péladeau a dit qu’il ne se sentait pas visé par lettre de M. Laliberté, en affirmant que Québecor avait déjà démontré sa capacité à exploiter des entreprises avec succès dans le passé.