Les turbulences provoquées par la pandémie de COVID-19 ne semblent pas avoir dissuadé Spirit AeroSystems d’acquérir les usines de Bombardier situées Belfast, en Irlande du Nord, ainsi qu’à Casablanca, au Maroc — une des transactions sur lesquelles mise l’avionneur québécois afin de réduire sa lourde dette.

En conférence téléphonique visant à commenter les résultats du premier trimestre, mercredi, le président et chef de la direction de l’entreprise américaine spécialisée dans la fabrication de fuselages, d’ailes et de pièces pour les moteurs, Tom Gentile, a réitéré son intérêt même si le contexte économique a changé.

Spirit, qui figure parmi les principaux fournisseurs de Boeing, considère que la transaction annoncée l’automne dernier avec Bombardier et que l’acquisition d’Asco constituent toujours des acquisitions « stratégiques ».

« La transaction avec Bombardier nous offre une diversification au chapitre de la clientèle, une empreinte dans un pays à faible coût, […] ce qui cadre dans notre stratégie de croissance », a dit M. Gentile, en ajoutant que son entreprise pourrait également élargir ses relations d’affaires avec Airbus.

La compagnie établie à Wichita, au Kansas, qui figure parmi les principaux fournisseurs de Boeing, souhaite conclure les transactions si « toutes les conditions », qui n’ont pas été précisées, sont remplies.

Advenant la clôture de la transaction, prévue d’ici la fin juin, Bombardier obtiendra 500 millions US en espèces pour ses usines qui fabriquent des pièces d’aéronautique. C’est notamment à Belfast que l’on fabrique les ailes de l’ancienne C Series.

Après avoir cédé sa participation dans l’A220 à Airbus, l’entreprise québécoise mise sur la transaction avec Spirit, la vente de son programme de jets régionaux CRJ à Mitsubishi et la cession de sa division ferroviaire au géant français Alstom pour réduire sa dette de plus de 9,3 milliards US.

Si tout se déroule comme prévu, ces ventes d’actifs devraient faire passer la dette de la société à environ 2,5 milliards US. Des analystes financiers se sont demandé si la COVID-19 pourrait faire avorter certaines transactions.

« Même si l’acquisition des (usines) de Bombardier est logique pour Spirit, nous croyons que la pandémie pourrait se traduire par une diminution de ses dépenses afin de protéger son bilan financier », a souligné l’analyste de Desjardins Marchés des capitaux Benoit Poirier, dans une note envoyée à ses clients cette semaine.

Spirit n’a pas été épargnée par les baisses de cadences décrétées chez des avionneurs comme Boeing. En plus d’avoir procédé à des milliers de mises à pied, la compagnie a affiché une perte nette de 163 millions US au premier trimestre, alors que ses revenus ont plongé de 45 %, à 1,08 milliard US.

Bombardier, qui est dirigée par l’ex-président-directeur général d’Hydro-Québec Éric Martel depuis le 6 avril, fera le point sur sa performance financière jeudi pour la période de trois mois terminée le 31 mars.

Les analystes tablent sur un chiffre d’affaires d’environ 3,3 milliards US ainsi qu’une perte ajustée par action de 7 cents US par action, d’après la firme de données financières Refinitiv.