Le secteur hôtelier est violemment affecté par le confinement, comme le sont les secteurs de la restauration et du divertissement. Aucun scénario de sortie de crise n’a encore été formulé par les autorités gouvernementales pour ces entreprises qui génèrent habituellement une forte activité économique. Malgré tout, Christiane Germain, coprésidente et chef de la direction du Groupe Germain, garde le moral et l’espoir bien vivant qu’un retour à la normale graduel s’amorce à partir de l’été.

« Ça va bien. On a la santé, c’est l’essentiel », me lance d’une voix assurée Christiane Germain. Je l’ai jointe jeudi midi pour prendre de ses nouvelles et de celles du Groupe Germain, qui exploite une chaîne de 18 hôtels au Canada.

La crise du coronavirus a forcé la fermeture temporaire de 5 des 18 établissements du groupe et les hôtels qui poursuivent leurs activités d’accueil affichent un taux d’occupation famélique qui oscille entre 0 et 10 %.

« On a fermé des hôtels dans les villes où on en opérait deux. Présentement, les clients que l’on héberge sont essentiellement des gens du secteur de la santé qui sont appelés à se déplacer dans d’autres régions », m’explique Christiane Germain.

Mardi, le ministre du Développement économique, Pierre Fitzgibbon, a dévoilé les premiers volets du plan de relance de l’économie québécoise. Il a fixé les balises de la reprise progressive des activités dans les secteurs du commerce au détail, de la construction et du secteur manufacturier.

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, ARCHIVES LA PRESSE

Christiane Germain, coprésidente du Groupe Germain

Ce plan n’a cependant fixé aucun échéancier d’un éventuel retour à la normale pour les entreprises des domaines du tourisme, de l’hébergement, de la restauration et du divertissement.

« On a quand même des discussions sur une base continue avec les responsables tant au niveau fédéral que provincial sur un plan de travail de retour progressif. Il y a beaucoup de consultation qui se fait, mais il n’y a pas de formule unique, c’est une crise qui frappe à l’échelle mondiale, il faut s’y faire », souligne, philosophe, la spécialiste de l’hospitalité.

Christiane Germain l’affirme d’emblée, elle est optimiste de nature sans pour autant être jovialiste. « Si je n’étais pas optimiste, jamais je n’aurais travaillé dans ce secteur-là », précise-t-elle. Il faut prendre son mal en patience et espérer des jours meilleurs.

Je lis sur le sujet 24 heures par jour. La chaîne Accor a fermé 60 % de ses hôtels, hier j’étais sur un podcast avec des gens du groupe Marriott et ils souffrent énormément.

Christiane Germain

Le Groupe Germain, comme l’ensemble de l’industrie, a été frappé de toutes parts. Avec la fermeture des frontières, c’est toute la clientèle internationale qui a disparu. L’interdiction de voyager entre les régions au Canada a mis à terre tout le tourisme d’affaires et d’agrément de même que le tourisme de congrès.

« Écoutez, on a été les premiers à être frappés et on va être les derniers à en sortir », analyse froidement Christiane Germain.

L’espoir des jours meilleurs

Au cours des dernières années, le Groupe Germain a accéléré l’ouverture de nouveaux hôtels partout au Canada, une expansion qui a nécessité des investissements importants, dont les coûts courent toujours même si les revenus ne sont plus au rendez-vous.

« On a dû mettre à pied 85 % de notre personnel que l’on va reprendre graduellement avec la reprise des activités. C’est sûr que le service de la dette en prend un coup et que l’on prend les mesures adéquates », explique Christiane Germain.

La crise va aussi retarder les projets d’expansion qui prévoyaient l’ouverture de 10 nouveaux hôtels d’ici cinq ans.

On n’a jamais vu une crise de cette ampleur, tout va être retardé, il faut s’adapter.

Christiane Germain

Même si elle n’a pas de boule de cristal, la gestionnaire pense que l’activité devrait reprendre à partir de l’été, lorsque la crise aura diminué d’intensité et que les gens auront besoin de se changer les idées.

« Après tout ce temps passé en confinement, on va avoir rapidement des gens qui veulent sortir de chez eux juste quelques jours, pour sortir prendre l’air, voir autre chose. De nombreux vacanciers vont préférer rester au pays cet été plutôt que de voyager en Europe ou même aux États-Unis. L’achalandage va reprendre naturellement et c’est ce qui va nous permettre de passer au travers », anticipe Christiane Germain.

Le vrai retour à la normale va se faire lorsqu’un vaccin contre la COVID-19 aura été mis au point, croit-elle, et le pire cauchemar serait évidemment l’éclosion d’une deuxième épidémie de coronavirus à l’automne.

Personne ne souhaite évidemment vivre ce scénario catastrophe. Au Groupe Germain, on promet d’être en mesure de recevoir les clients en s’adaptant à la situation du moment avec des mesures d’hygiène vigilantes, mais toujours avec le souci de l’hospitalité qui a fait la marque de la chaîne.

« On n’a pas eu encore d’annonces spécifiques pour le soutien aux entreprises de notre secteur, mais je pense que le gouvernement garde le meilleur pour la fin, on va être le dessert », souhaite la PDG.