La Société en commandite Airbus Canada, qui a été l’une des premières entreprises à annoncer son intention de profiter de la Subvention salariale d’urgence (SSU) du gouvernement fédéral, s’inquiète aujourd’hui de ne pas y être admissible parce que Québec est l’un de ses actionnaires.

L’entreprise a communiqué l’information, qui pourrait s’avérer très coûteuse pour elle, à ses employés mardi.

« Il a également, récemment, été porté à notre attention qu’en raison de notre structure légale en tant que société en commandite, combiné au fait qu’une institution publique soit notre partenaire, nous ne pourrons potentiellement pas nous qualifier pour la subvention salariale d’urgence du gouvernement fédéral », peut-on lire dans le message, qui a suscité des inquiétudes au sein du personnel.

Airbus et le Syndicat des Machinistes, qui représente un peu plus de 1000 de ses employés de production à Mirabel, ont conclu le 8 avril dernier, plusieurs jours avant que ne soit adopté à Ottawa le projet de loi créant la SSU, une entente par laquelle Airbus s’engageait à verser jusqu’à 1111,54 $ par semaine à ses employés, dont 847 $ devaient provenir de la SSU. Les versements étaient rétroactifs au début du confinement, à la fin de mars.

Des clauses de cette entente précisent que les versements déjà effectués ne sont pas remboursables par les syndiqués, dans l’éventualité où l’entreprise n’est pas admissible au programme. Si cela se confirme, elle aura donc versé de sa poche cinq versements hebdomadaires de 847 $ pour plus de 1000 employés, soit plus de 4 millions de dollars.

C’est Airbus elle-même qui a découvert le problème en préparant son formulaire d’admission au programme. Des discussions sont en cours avec Ottawa pour trouver une solution, selon l’entreprise.

« Très content » de l’A220

C’était par ailleurs jour de résultats financiers trimestriels pour Airbus, mercredi. Interrogé par les analystes financiers et les médias, son président et chef de la direction, Guillaume Faury, a maintes fois vanté l’A220, particulièrement à la lumière de l’échec du regroupement entre Boeing et Embraer. Cette dernière commercialise la gamme E2, la concurrente la plus directe de l’A220.

PHOTO PASCAL PAVANI, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Guillaume Faury, président et chef de la direction d’Airbus

Je crois que notre gamme de produits est la bonne. C’est la bonne pour sortir de la crise, nous avons l’A220.

Guillaume Faury, président et chef de la direction d’Airbus, lors d’une téléconférence avec les analystes financiers

« Je crois que l’A220 était, est et sera un produit très fort, a-t-il ajouté plus tard. Nous sommes très engagés envers lui. Je crois qu’il est très adapté à l’après-crise. Et je suis très heureux que nous ayons fait cet investissement il y a deux ans, que nous ayons renforcé notre position.

« Cela coûte de l’argent présentement. Nous savons que c’est un investissement, mais nous croyons qu’il vaut très cher et que c’est adéquat pour notre futur. C’est un très bon avion et un très bon programme, au bon moment pour Airbus. »

Boeing réduit sa production

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L’entreprise Boeing, dont le modèle 737 MAX est toujours frappé d’une interdiction de vol, a ajouté plus de 11 milliards de dollars à sa dette au cours des trois premiers mois de l’année, selon les résultats financiers présentés mercredi.

Boeing présentait elle aussi ses résultats financiers du premier trimestre mercredi. Du coup, elle a annoncé son intention de réduire sa main-d’œuvre d’environ 10 % et la cadence de production de son Dreamliner 787 de moitié d’ici 2022. Le 777 et le 777X, pour lesquels la québécoise Héroux-Devtek fabrique les trains d’atterrissage, seront eux aussi assemblés à moins fort rythme.

L’entreprise a ajouté plus de 11 milliards de dollars à sa dette au cours des trois premiers mois de l’année et songerait à en ajouter encore 10 milliards au cours des six prochains mois, alors qu’elle lutte avec les effets combinés de la pandémie et de l’interdiction de vol de ses 737 MAX.