Revoir le système de brevets, désigner le secteur pétrolier comme « essentiel », prévenir les pénuries de médicaments. Trouver comment Pokémon Go pourrait donner un coup de main aux Canadiens, ou l’utilité que pourraient avoir les clés Roku pour diffuser de l’information. Et surtout aider et subventionner pratiquement tous les secteurs économiques touchés par la COVID-19, des alumineries aux dentistes en passant par les plombiers, les résidences pour aînés et les organismes de bienfaisance.

Ce sont quelques exemples des 233 mandats de lobbying, nouveaux ou mis à jour, comportant le mot-clé « COVID-19 » et visant le gouvernement Trudeau qu’on peut retracer dans le registre du Commissariat au lobbying du Canada. Il ne s’agit que d’une portion minime, soit 5 %, des mandats de lobbying actifs enregistrés, qui se chiffrent à 4260 dans les 12 derniers mois. Données peu étonnantes en cette période de confinement, on a enregistré une diminution de 6,9 % des inscriptions en avril cette année par rapport au même mois en 2019.

Jeu et IA

Le thème qui revient le plus souvent : la santé, quel que soit le secteur économique, mentionnée dans 55 % des mandats. Les préoccupations soulevées sont très diverses et touchent parfois des domaines insoupçonnés. The Pokémon Company, par exemple, qui gère la marque du jeu Pokémon Go, a embauché un lobbyiste pour discuter avec des représentants du gouvernement fédéral des possibilités d’apporter son aide, mais également d’intervenir pour s’assurer que les données confidentielles des enfants soient bien protégées.

Roku, une entreprise américaine qui commercialise une plateforme de vidéo sur demande comportant quelques milliers de chaînes internet, souhaite offrir au gouvernement canadien la possibilité d’utiliser sa technologie pour informer la population.

IBM, de son côté, veut informer Ottawa des capacités qu’ont les entreprises technologiques d’assister les autorités, notamment avec les superordinateurs, le traçage du virus et l’intelligence artificielle.

Secteurs divers

La société pharmaceutique Pfizer, en outre, souhaite aborder les implications de la loi C-13 adoptée dans la foulée de la pandémie pour étudier son effet sur les brevets, et étudier les risques de pénurie pour certains médicaments.

Le secteur pétrolier, avec 18 mandats, demande notamment au fédéral d’être considéré comme un service essentiel et d’avoir droit à plus de mesures d’aide. Actuellement, ce sont d’importants pans de ce secteur, notamment l’extraction, le raffinage et le stockage, qui font partie des services essentiels ciblés par Ottawa, mais pas l’industrie dans son ensemble.

Les appels à l’aide, évidemment, sont nombreux dans d’autres secteurs. La BC Fruit Growers Association, les chirurgiens-dentistes, Air Canada, Transat, l’Association des produits forestiers du Canada, Magazines Canada, l’Association des hôtels du Canada, Festivals et Événements majeurs Canada, le Cirque du Soleil, entre autres exemples, réclament tous une forme ou une autre d’aide pour leur permettre de traverser la crise.

 – Avec la collaboration de William Leclerc, La Presse