La propagation de la COVID-19, qui a incité des consommateurs à se ruer dans les épiceries pour faire des provisions, a entraîné une augmentation du chiffre d’affaires de l’ordre de 125 millions chez Metro au cours des deux premières semaines du mois de mars.

En dévoilant ses résultats du deuxième trimestre terminé le 14 mars, mercredi, la chaîne d’alimentation québécoise a offert un portrait plus précis de l’incidence de la pandémie sur ses activités, qui a également fait grimper les dépenses d’exploitation en raison du bouquet de mesures sanitaires déployées dans le réseau de magasins.

Les ventes ont continué d’augmenter au cours du trimestre en cours puisque les recettes des établissements ouverts depuis au moins un an — un indicateur clé dans le secteur du commerce de détail — étaient en hausse de 25 % pour la période de quatre semaines terminée le 11 avril.

« Elles se sont stabilisées depuis, mais nous observons toujours une augmentation significative des revenus en raison de la pandémie », a expliqué le président et chef de la direction de Metro, Eric La Flèche, au cours d’une conférence téléphonique avec les analystes.

La semaine dernière, Empire, la société mère de Sobey’s (IGA au Québec), avait indiqué avoir enregistré une augmentation de 37 % des ventes comparables entre le 8 et le 24 mars alors que les consommateurs demeurent à la maison et que les portes d’établissements comme les restaurants sont fermées pour limiter la propagation du nouveau coronavirus.

Pour la période de 12 semaines terminée le 14 mars, Metro, également propriétaire de la chaîne de pharmacies Jean Coutu, a engrangé un bénéfice net de 176,2 millions, ou 69 cents par action, en hausse de 45 % par rapport à la même période l’an dernier. Le chiffre d’affaires s’est établi à 3,99 milliards, ce qui constitue une augmentation de 7,8 %.

Les ventes comparables ont progressé de 9,7 %, alors que du côté des pharmacies, la hausse a été de 7,9 %. En excluant l’impact du coronavirus, le chiffre d’affaires comparable a grimpé de 5,2 % dans l’alimentation et de 6,4 % dans le secteur de la pharmacie.

Si l’achalandage est en baisse, les clients réalisent des épiceries plus complètes, a indiqué M. La Flèche, qui s’attend à ce que cette tendance se poursuive.

M. La Flèche n’a pas quantifié l’augmentation des coûts d’exploitation, mais dans une note envoyée à ses clients, l’analyste Chris Li, de Desjardins Marchés des capitaux, a estimé qu’elles étaient d’environ 15 millions.

En plus d’une prime horaire de 2 $ qui sera offerte aux employés au moins jusqu’à la fin mai, Metro a installé des panneaux de plexiglas à l’avant de chacune des caisses de ses magasins en plus de déployer d’autres mesures sanitaires, comme la désinfection des paniers d’épiceries.

« Je crois que cela fait partie de la nouvelle norme et c’est ce à quoi les clients vont s’attendre en matière d’hygiène, a expliqué le grand patron de Metro. C’est pourquoi je pense que certaines de ses dépenses sont là pour rester. »

Encore du travail

Du jour au lendemain, les commandes en ligne ont plus que doublé, et, à l’instar de plusieurs de ses concurrents, Metro a eu de la difficulté à répondre à la demande même si la compagnie a notamment ajouté du personnel afin de préparer les commandes.

Metro a retenu les services de l’entreprise CornerShop afin de l’épauler, en plus de déployer un nouveau service prioritaire destiné aux aînés ainsi qu’aux personnes isolées en raison de la COVID-19.

Sans spéculer sur la place qu’occupera l’épicerie en ligne une fois que la crise sera terminée, M. La Flèche a signalé qu’elle serait certainement plus importante qu’auparavant.

« Il y a une accélération et je crois que l’on peut dire qu’elle demeurera, a-t-il affirmé. Nous allons devoir bonifier notre capacité. Nous examinons différentes options. Nous avions quand même commencé à en étudier certaines avant la crise. »

Si les résultats affichent une progression du côté des épiceries, le portrait est différent dans les pharmacies. Le volume d’ordonnances demeure stable, mais les ventes au détail sont en recul, notamment en raison des mesures de sécurité déployées pour encadrer l’achalandage.

Au cours de la première période du troisième trimestre, le chiffre d’affaires des sections commerciales des pharmacies a diminué de 9 % et ce déclin se poursuit.

Abstraction faite des éléments non récurrents, le bénéfice ajusté de Metro s’est établi à 182,2 millions, ou 72 cents par action, au deuxième trimestre, en hausse d’environ 18 %. Les analystes tablaient sur un profit ajusté par action de 74 cents, selon la firme de données financières Refinitiv.