Alors que des cas de coronavirus se sont déclarés à l’interne, les employés d’usine de la firme Pratt & Whitney sont appelés à continuer à se rendre au travail, provoquant des craintes chez des salariés quant à la propagation de la COVID-19.

Quand Québec a annoncé vouloir mettre la province « sur pause », Pratt & Whitney aurait considérablement réduit sa main-d’œuvre ouvrière. Des horaires réduits ont été instaurés pour éviter les chevauchements de quart de travail. Seule la fabrication de fournitures jugées essentielles comme des pièces militaires et des pièces de rechange pour ambulances, par exemple, suivait son cours.

Plusieurs employés ont donc été surpris en apprenant cette semaine qu’ils allaient devoir retourner à l’usine.

« Les employés sont appelés, cette fois en respectant l’ancienneté syndicale, et se font dire que s’ils refusent peu importe la raison, il n’y aura aucune garantie qu’ils pourront toucher l’aide gouvernementale […] Nous sommes confrontés à la peur d’une perte d’emploi et une future contamination probablement inévitable », a confié l’un d’entre eux à La Presse. Il a requis l’anonymat pour éviter des représailles avec son employeur.

Selon une note transmise aux employés datant du 26 mars, un travailleur à Longueuil a reçu un diagnostic positif après avoir été testé pour la COVID-19. Cet employé travaille en ingénierie, mais relève du centre des moteurs

Il s’est aussitôt placé en quarantaine et son bureau a été désinfecté, ainsi que le bureau de son gestionnaire, les toilettes des hommes dans ce secteur, la cafétéria et toutes les aires communes à proximité.

Trois jours plus tard, un autre communiqué destiné aux employés faisait état d’autres cas chez des employés contractuels.

« Tous nos membres seraient rappelés au travail avec un horaire et une paye réduite de 20 %. En ce qui concerne les quarts de week-end, seuls les samedis et dimanches seraient des journées travaillées. Ces horaires pourraient être maintenus pour un minimum d’un mois ou tant que durera le confinement imposé par le gouvernement », peut-on lire dans un message du syndicat destiné aux travailleurs.

À l’interne, on comprend mal pourquoi ce retour massif au travail est nécessaire. Mais surtout, on craint la propagation du virus au sein de l’usine, où les mesures de distanciation seraient difficiles à appliquer.

Pour permettre à tous de se tenir à bonne distance, la compagnie a modifié les plages horaires des travailleurs. Pour les quarts de jour et de nuit, afin d’observer la distanciation sociale recommandée, l’employeur s’assurera qu’il y ait moins de travailleuses et travailleurs dans le même espace.

Mais certains employés demeurent sceptiques. Ils sont plusieurs à se demander pourquoi la totalité des effectifs doivent se rendre au travail en temps de crise. Jusqu’à présent leur employeur n’a pas fait l’annonce que du matériel médical serait fabriqué en usine, disent-ils.

Les opinions parmi les salariés ne sont toutefois pas homogènes.

Un autre employé qui a également préféré préserver son anonymat soutient que le milieu de travail demeure sécuritaire.

« Je ne voudrais pas qu’on pense que l’employeur n’en fait pas assez, parce que c’est faux. Il a beaucoup d’efforts », pense le père de famille, qui soutient que chaque jour de nouvelles mesures sont prises pour minimiser le risque de contamination. Du désinfectant et de l’équipement de protection sont prodigués. À la cafétéria, une personne dotée de gants distribue les ustensiles pour éviter les contacts.

Au moment d’écrire ces lignes, Pratt & Whitney n’avait toujours pas répondu à la demande d’entrevue de La Presse.