(Washington) Donald Trump ne préside pas seulement la première économie du monde, menacée d’effondrement à cause de la pandémie de nouveau coronavirus. Il surveille également l’implosion possible de son propre empire : la Trump organization, ses hôtels et clubs de golf, qui ont fait de lui un multimilliardaire.

Aux États-Unis et au Canada, ses hôtels cinq étoiles sont quasiment vides, ses clubs de golf aux États-Unis, en Irlande et en Écosse sont sous pression pour s’arrêter, et sa résidence de Mar-a-Lago, en Floride, est fermée.

Comme dans beaucoup d’hôtels du monde, la plupart des employés ont été congédiés, et les revenus de la Trump organization (435 millions de dollars en 2018) devraient vraisemblablement plonger. Difficile toutefois d’évaluer dans quelle mesure face à une organisation largement opaque sur ses finances.  

« Cela me fait du mal, comme cela fait du mal à Hilton et à toutes les grandes chaînes d’hôtels partout dans le monde », a dit Donald Trump samedi. La société familiale, basée à New York, est dirigée par ses deux fils, Donald Junior et Eric, mais le milliardaire républicain y a conservé toutes ses parts.

La situation n’a pas manqué de soulever des inquiétudes : certains se demandent dans quelle mesure la réponse apportée par le président américain à l’épidémie de COVID-19 est guidée par les intérêts de son entreprise. Qu’il s’agisse du plan d’aide économique de 2000 milliards de dollars sur lequel se sont accordés démocrates et républicains, ou de sa volonté affichée ces derniers jours de pousser pour la fin rapide des mesures de confinement.

« On peut détruire un pays en le fermant de cette façon », a-t-il estimé mardi, en disant espérer une levée des restrictions d’ici mi-avril.  

Le chef de la minorité démocrate au Sénat Chuck Schumer a assuré mercredi que le plan massif de relance américain, qui contient des mesures importantes à destination des entreprises, ne serait pas utilisé pour sauver celles du président.

« Nous avons mis en place une clause », a-t-il expliqué sur CNN. « Pas seulement le président, mais aussi toute figure du gouvernement, du Sénat, les membres du Congrès, si eux ou leur famille possèdent la part majoritaire d’une entreprise, elles ne peuvent pas se voir attribuer de prêt ».  

« Spa fermé »

Les hôtels de Donald Trump sont pour ainsi dire vides à New York, Washington, Chicago, Las Vegas, Vancouver et Hawaii. Lundi, l’organisation écossaise de golf, anticipant un ordre de fermeture, a demandé à « tous les golfeurs d’Écosse » d’arrêter de jouer « jusqu’à nouvel ordre ».  

Malgré cela, la Trump organization refuse de fermer totalement ses principaux hôtels.

« L’hôtel est ouvert, les restaurants sont fermés, le spa est fermé, la piscine est fermée », a dit à l’AFP une réceptionniste du Trump International Hotel & Tower à New York. Évoquant un supermarché « de l’autre côté de la rue », elle a expliqué qu’il était possible d’y acheter des victuailles et de les apporter dans les chambres.

Selon John Boardman, à la tête de la branche du syndicat Unite Here à Washington, l’hôtel Trump International dans la capitale américaine n’a pas fermé malgré le renvoi massif d’employés. « Il n’y a aucun sens à le garder ouvert. L’hôtel a un taux d’occupation peut-être de 3 % ».  

« Il ne le ferme pas juste pour pouvoir dire qu’il fonctionne toujours », estime M. Boardman.

Bénéfice personnel

Depuis qu’il est président, Donald Trump a fait face à de nombreuses critiques et même des actions en justice – qui n’ont jusqu’ici pas abouti – soutenant qu’il profitait de sa position.

Des patrons, des diplomates ou même des rois cherchant ses faveurs ont par exemple parfois pris leurs quartiers dans ses hôtels, notamment celui situé à deux pas de la Maison-Blanche.  

Le Washington Post a rapporté les sommes astronomiques dépensées par des Saoudiens pour réserver des ailes entières des hôtels de Donald Trump, ou les factures salées adressées à ses propres services de renseignement lorsque ceux-ci l’accompagnent dans ses propriétés.  

La semaine dernière, l’industrie hôtelière, qui fournit un emploi à 8 millions de personnes aux États-Unis, a réclamé à la Maison-Blanche une aide de 150 milliards de dollars pour faire face à l’épidémie de nouveau coronavirus.  

« Aujourd’hui plus que jamais, il est crucial pour les Américains de savoir que le président agit dans l’intérêt public et non pour son bénéfice financier personnel », a fait valoir auprès de l’AFP Elizabeth Wydra, du Constitutional Accountability Center.