Les expéditeurs s’aventurent en terrain inconnu alors que la pandémie de COVID-19 bouleverse les habitudes de livraison, la demande croissante des consommateurs atténuant le ralentissement de l’économie mondiale, exacerbé par la fermeture des frontières et les contrôles des voyages.

Le commerce électronique gagne en popularité, alors que les emplacements physiques des entreprises non essentielles sont fermés en Ontario et au Québec et que le premier ministre encourage les Canadiens à rester chez eux.

Amazon, le plus grand détaillant en ligne au pays, a indiqué mardi qu’il embaucherait plus de 1000 travailleurs en Ontario, en Colombie-Britannique et en Alberta, pour s’ajuster à la hausse des ventes directes aux consommateurs.

Cependant, les livraisons interentreprises (B2B) sont en baisse, hormis certaines exceptions telles que les fournisseurs de supermarchés, a souligné Marc Wulfraat, président de la firme de consultants en logistique montréalaise MWPVL International.

« L’activité B2B, que domine FedEx et UPS au chapitre des volumes de colis, est en baisse », a observé M. Wulfraat, notant que les livraisons en vrac ont tendance à générer des marges plus élevées que les expéditions des entreprises aux consommateurs (B2C).

« Le B2C est en hausse. Mais ce n’est pas la part du lion de ce que font ces entreprises. »

De plus grandes pénuries de main-d’œuvre — un problème déjà bien ancré dans le secteur du camionnage — se profilent, s’ajoutant aux difficultés des expéditeurs.

« Lorsque les enfants ne rentrent pas de l’école, beaucoup de gens ne peuvent pas aller travailler. Ce sont les mêmes personnes qui conduisent les camions et vont dans les entrepôts et font toutes les choses que nous tenons pour acquises », a souligné M. Wulfraat.

Teamsters Canada, dont les camionneurs travaillent pour Purolator et United Parcel Service, a indiqué que les livraisons sur de longues distances se poursuivaient malgré le recul économique.

« D’après les informations dont nous disposons — et elles changent de minute en minute — le secteur de la livraison de colis se porte bien », a affirmé François Laporte, président de Teamsters Canada.

Postes Canada, qui dépend fortement des colis expédiés directement aux consommateurs, a indiqué que ses volumes demeuraient « stables ».

Chez Cargojet, la hausse des ventes du commerce électronique a contrebalancé le ralentissement des livraisons internationales, a indiqué l’analyste Valeurs mobilières Banque Laurentienne, Mona Nazir. La compagnie aérienne de fret établie à Mississauga, en Ontario, « pourrait être un bénéficiaire net dans l’environnement actuel ».

Mme Nazir a expliqué que la hausse des ventes d’Amazon avait eu un impact direct sur Cargojet, qui fournit des services d’avions nolisés pour transporter les colis des entrepôts d’Amazon vers les centres de distribution, pour leur livraison finale.

Air Canada a pour sa part indiqué mercredi avoir commencé à utiliser ses avions pour exploiter des vols de fret uniquement à destination de l’Europe, alors que d’autres vols sont prévus pour l’Amérique latine.

Ces avions ne transportent pas de passagers, mais plutôt des expéditions urgentes, notamment des fournitures médicales visant à combattre la COVID-19, a précisé la ligne aérienne.

Air Canada a réduit sa capacité dans la dernière semaine en raison de la baisse des voyages attribuable aux mesures prises pour ralentir la propagation du nouveau coronavirus.

Les premiers vols de fret ont décollé de Toronto pour Francfort, Londres et Amsterdam au cours de la dernière semaine.

Ces vols utilisent des avions Boeing 787 d’une capacité de transport de 35 tonnes de fret.

Air Canada a précisé qu’elle explorait également la possibilité d’offrir le service au pays, notamment en utilisant des avions régionaux Air Canada Express de plus petits gabarits.