La vente de Bombardier Transport à Alstom pourrait ne pas être aussi payante que prévu pour la Caisse de dépôt et Bombardier. Les deux entités québécoises doivent recevoir en échange des actions d’Alstom, dont la valeur a chuté sur les marchés boursiers, dans la foulée de la crise du coronavirus.

Dans le cadre de l’entente avec Alstom, la Caisse de dépôt, qui détenait 32,5 % de Bombardier Transport, doit mettre la main sur 2,63 à 2,78 milliards d’euros (4 à 4,3 milliards) d’actions d’Alstom, à un prix de 44,45 euros l’unité.

Or l’action d’Alstom a terminé la journée de vendredi à un prix de 38,46 euros, à la Bourse de Paris. L’écart d’environ 13,5 % représenterait une perte d’environ 540 à 580 millions de dollars pour la Caisse, soit environ la moitié du bénéfice que son investissement dans Bombardier Transport lui garantissait.

En 2016, la Caisse avait investi 1,5 milliard US (environ 2 milliards CAN) dans Bombardier Transport. L’investissement était assujetti à un rendement annuel garanti composé de 15 %. Ce bénéfice s’élevait donc à environ 800 millions US, ou 1,1 milliard CAN.

Pertes théoriques

La transaction avec Alstom prévoit aussi qu’une portion d’environ 500 millions US de la contrepartie versée à Bombardier soit sous forme d’actions d’Alstom, à un prix encore moins avantageux pour Bombardier, soit 47,5 euros par action.

Dans ce cas-ci, la chute de valeur est de 19 % ou un peu moins de 100 millions US (137 millions CAN) pour Bombardier. Un porte-parole de l’entreprise, Olivier Marcil, a confirmé que l’entente ne permettait aucun ajustement sur le prix d’obtention des actions d’Alstom.

Les pertes de Bombardier et de la Caisse demeurent pour l’instant théoriques. Il faudra encore plusieurs mois avant que la transaction ne reçoive les autorisations nécessaires à sa conclusion, et le prix de l’action d’Alstom pourrait évoluer de façon importante d’ici là.

« Il est prématuré de tirer quelque conclusion sur la performance de cet investissement à ce moment-ci, car la clôture n’aura lieu que dans la première moitié de 2021 », a indiqué le porte-parole de la Caisse, Maxime Chagnon. « La Caisse est un investisseur de long terme et prend ses décisions d’investissement selon ses convictions de long terme – pas au gré des fluctuations ponctuelles des marchés. »