Functionalab a entrepris ses activités en 2009 lorsque Francis Maheu et son partenaire Éric Geoffrion ont mis sur le marché une ligne de suppléments nutritionnels pour la peau avant de se lancer dans le développement de cliniques de médecine esthétique sans chirurgie. Un virage pertinent au point où la multinationale L’Oréal vient de s’associer au capital de l’entreprise québécoise pour lui permettre de réaliser son expansion internationale.

Je vous ai rencontré en 2012. Functionalab venait de réaliser l’acquisition de la ligne de produits pour la peau Jouviance. Vous développez maintenant des cliniques de médecine esthétique. Qu’est-ce qui vous a amené à réaliser ce virage ?

La ligne de produits Functionalab était destinée à une clientèle haut de gamme, tandis que les dermo-cosmétiques de Jouviance avaient un plus haut taux de pénétration dans le marché. Aujourd’hui, la marque Jouviance est distribuée dans 3500 pharmacies en Amérique du Nord.

En 2013, on a fait l’acquisition de Dermapure qui exploitait trois cliniques de médecine esthétique sans chirurgie. Dermapure a été fondée par Marilyne Gagné qui a ouvert une première clinique à Sherbrooke, puis deux autres à Québec et Montréal.

Marilyne Gagné est devenue actionnaire de Functionalab et aujourd’hui, on a un réseau de quinze cliniques au Canada, soit sept au Québec, cinq en Colombie-Britannique, une en Saskatchewan, une en Alberta et une en Ontario.

Quel est le lien de ces cliniques avec vos produits de suppléments nutritionnels pour la peau ?

Les cliniques Dermapure offrent des traitements de couleur, de rajeunissement et de raffermissement de la peau avec des technologies qui ont beaucoup évolué tels le laser, les injections, les ultrasons ou la radiofréquence.

Tous ces traitements sont faits sans chirurgie et nos produits Functionalab sont utilisés et offerts en clinique. On a souvent une boutique au rez-de-chaussée et la clinique à l’étage.

On a décidé de développer ce concept différencié. Nos produits Jouviance sont offerts en pharmacie et nos produits Functionalab sont utilisés et distribués dans nos cliniques Dermapure.

Comment avez-vous réalisé votre expansion jusqu’à maintenant et quels sont vos objectifs immédiats ?

Depuis 2014, on procède toujours en réalisant des partenariats. On achète 100 % des cliniques existantes, mais on conclut des engagements à long terme avec les médecins qui restent associés.

Ils réalisent que le marché se transforme et que l’on apporte une valeur ajoutée. On fait croître les cliniques en ajoutant des services, nos produits et en générant une nouvelle effervescence.

On prévoit doubler le nombre de nos emplacements d’ici deux à trois ans alors qu’on devrait ouvrir au moins sept cliniques en Ontario.

Vous avez annoncé en novembre dernier un partenariat avec L’Oréal qui a procédé à un investissement stratégique dans votre groupe. En quoi consiste ce partenariat ?

Il faut d’abord préciser que c’est la première fois que L’Oréal — qui est le numéro un mondial dans les produits de beauté — décide de rentrer dans le secteur des services, et ils le font avec une entreprise québécoise.

Ils ont pris une participation de moins de 20 % dans notre capital pour nous aider à croître mais aussi avec la volonté que l’on développe ensemble notre concept de cliniques de médecine esthétique à l’extérieur du Canada.

L’Oréal a une gamme de produits — Skin Ceuticals — qui est semblable à la nôtre et que l’on offre dans deux de nos cliniques à Vancouver que l’on exploite sous le nom de Project Skin. Maintenant, on va offrir les produits Skin Ceuticals dans toutes nos cliniques Dermapure.

Il n’y a pas un danger que les produits L’Oréal cannibalisent vos produits Functionalab ?

Non, on pense davantage que les produits L’Oréal vont nous permettre d’accroître la grosseur de la tarte. Leurs produits sont très appréciés et vont attirer plus de clientèle à qui on va pouvoir offrir plus de services. C’est l’achalandage qui va y gagner.

Qu’est-ce que L’Oréal gagne à s’associer avec vous ?

L’Oréal croit que le marché des soins pour la peau s’en va résolument vers l’intégration des produits aux services. Le type de soins que l’on offre est davantage accessible sur le plan financier pour le public et il y a une plus grande acceptabilité sociale. On ne parle pas ici de coûteuses [interventions chirurgicales].

Et à quoi va vous servir ce nouvel apport de capital de L’Oréal ?

Ce nouveau financement va nous permettre de compléter notre expansion canadienne et, parallèlement, d’amorcer notre expansion du côté américain avec un partenaire qui est le numéro un mondial dans son secteur et qui dispose d’un réseau international pour nous appuyer.

On a toujours financé notre expansion à même nos fonds autogénérés. En plus du financement bancaire, on a le Fonds de solidarité qui détient des actions privilégiées et L’Oréal qui s’est engagée à acheter elle aussi des actions privilégiées, en plus de son financement en actions ordinaires.

On a les capacités de réaliser une expansion de plusieurs centaines de millions de dollars.

Vous figurez depuis quelques années dans le classement des entreprises canadiennes qui enregistrent la plus forte croissance. Ce sera le cas pour les prochaines années ?

Ça fait quatre ans que l’on fait partie du classement des entreprises qui affichent les plus grandes croissances. Ça va être le cas cette année. Nos revenus vont franchir le cap des 75 millions.

Vous avez été banquier d’affaires chez Lehman Brothers à New York et responsable du bureau de Lazard à Montréal. Qu’est-ce qui vous a poussé à vouloir bâtir une entreprise dans le domaine des soins de la peau ?

J’ai toujours su que je voulais avoir mon entreprise. Mais au départ, j’ai investi dans une personne, mon associé Éric Geoffrion, qui m’a présenté l’idée de Functionalab dont j’ai rapidement compris tout le potentiel. Je l’ai aidé à faire son plan d’affaires et à trouver des partenaires, et on poursuit le développement.