(Toronto) Cineplex ne changera pas son nom, mais la chaîne de salles de cinéma verra probablement des pertes d’emplois, a affirmé mercredi le futur propriétaire de l’entreprise.

Lors d’une entrevue avec La Presse canadienne, le chef de la direction de la britannique Cineworld, Moshe (Mooky) Greidinger, a indiqué qu’il s’attendait à devoir remanier certains éléments de la société torontoise pour laquelle il a fait une offre publique d’achat de 2,8 milliards. Il faudra cependant du temps avant que les détails se précisent.

« La majorité des employés de Cineplex resteront », a-t-il dit, interrogé sur les réductions potentielles de l’effectif de Cineplex. La société canadienne compte actuellement environ 12 000 employés.

« Il y aura des redondances et il pourrait y avoir des changements de l’autre côté du globe […], mais nous allons étudier cela et voir ce que nous devrons faire. »

Bien qu’il réfléchisse toujours à la taille de l’effectif, M. Greidinger a indiqué qu’il avait déjà pris une décision au sujet de la marque et du nom de l’entreprise.

« Cineplex va rester Cineplex », a-t-il affirmé. « Il fait l’objet de beaucoup d’amour — c’est un grand mot — et du respect des clients, et il a une très bonne réputation, il n’est donc pas nécessaire de le changer. »

Les actionnaires de Cineplex ont massivement approuvé, mardi, l’opération de rachat de Cineworld, annoncée au début de décembre.

Dans le cadre de cette transaction, Cineworld a accepté d’assumer la dette de Cineplex et de payer 34 $ pour chaque action en espèces, ce qui représente une prime de 42 % sur son cours de clôture au moment de l’annonce.

L’accord prévoyait une période de sollicitation permettant à Cineplex de recevoir d’autres offres. Cineplex a indiqué au début de février que 52 acheteurs potentiels avaient été contactés, dont trois qui ont conclu des accords de confidentialité, mais la société n’a pas reçu d’offre supérieure à celle de Cineworld.

Le chef de la direction de Cineplex, Ellis Jacob, a qualifié le processus de sollicitation de « robuste » et a affirmé mercredi que le prix de 34 $ était « très juste » et un total « que les autres parties n’ont pas pu dépasser ».

« Alors que l’industrie du divertissement continue de se transformer, cette transaction montre que Cineplex fait partie de la prochaine ère du divertissement mondial », a poursuivi M. Jacob. « Cela signifie que notre entreprise, en particulier notre réseau de 155 salles de cinéma à travers le Canada, a accès à des occasions mondiales dans un paysage de divertissement en évolution. »

M. Jacob n’a pas précisé s’il ferait partie de l’avenir de Cineplex, mais a indiqué que la société avait l’intention de demander une ordonnance définitive de la Cour supérieure de justice de l’Ontario pour approuver la transaction mardi prochain. Il s’attend à ce que la transaction soit conclue entre le 23 mars et le 30 juin, après quoi les actions de la société seront radiées de la Bourse de Toronto.

La baisse de l’achalandage se poursuit

Pour Cineworld, la transaction permettra d’élargir son empire.

La société a acheté le groupe américain Regal Entertainment il y a environ deux ans et possède 9498 écrans dans 786 établissements aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Irlande, en Pologne, en République tchèque, en Slovaquie, en Hongrie, en Bulgarie, en Roumanie et en Israël. Cineplex viendra ajouter 165 cinémas canadiens et 1695 écrans à ce décompte.

Les commentaires de MM. Greidinger et Jacob faisaient suite au dévoilement des plus récents résultats de Cineplex, qui ont vu un moins grand nombre de cinéphiles se rendre au cinéma, tandis que les coûts liés à la transaction avec Cineworld ont entravé les profits.

La société a engrangé un bénéfice de 3,5 millions, ou 6 cents par action, pour le trimestre clos le 31 décembre, comparativement à un profit de 27,2 millions, ou 43 cents par action, lors du même trimestre en 2018.

Pendant ce temps, sa fréquentation a baissé de 4,2 % à 66,4 millions de visiteurs, comparativement à 69,3 millions au trimestre précédent. Ces baisses sont un problème persistant dans le secteur du cinéma, qui fait face à une lutte croissante pour l’attention du public compte tenu de la croissance des services de diffusion en continu.

Mais ces chiffres n’ont pas inquiété M. Greidinger.

« L’une des caractéristiques de notre industrie est que l’on est aussi bon que son prochain film. Certains films sont étonnamment bons, d’autres sont bons et certains, ici et là, sont décevants », a-t-il expliqué.

Pour lutter contre la baisse de fréquentation, Cineplex a élargi son offre de concessions et a augmenté ses prix. Elle a également investi dans une poignée de complexes de divertissement et de restauration.

M. Greidinger évalue ce qu’il faut faire de ces activités, ainsi que de Top Golf — un concept de golf en réalité virtuelle que Cineplex devrait apporter au Canada.

Il a indiqué qu’il introduirait un service d’abonnement aux billets de cinéma au Canada dans les six mois suivant la conclusion de l’accord. Les salles de la chaîne Regal offrent déjà ce service, facturant à leurs clients environ 18 $ par mois pour des billets de cinéma illimités.

Il a également exprimé son intérêt pour ouvrir plus de salles équipées de Screen X, un système qui propose un écran à 270 degrés, et CJ 4DPLEX, un concept de cinéma immersif qui utilise le mouvement, le vent, le brouillard, la pluie, l’éclairage, la neige, les bulles, les vibrations et les parfums.