La société minière de Vancouver qui propose de construire l’immense mine de sables bitumineux Frontier dans le nord-est de l’Alberta s’est fixé pour objectif d’être carboneutre d’ici 2050.

Teck Resources, qui attend d’ici la fin février une décision du gouvernement fédéral au sujet de son projet Frontier, affirme qu’elle tentera d’atteindre son objectif en évitant d’abord de créer des émissions, puis en les éliminant ou en les minimisant.

Elle a précisé qu’elle examinerait d’autres moyens de déplacer les matériaux dans ses mines, en utilisant des sources d’énergie plus propres et en mettant en œuvre des mesures d’efficacité. Teck s’est également engagée à produire plus de métaux nécessaires à la transition vers une économie sobre en carbone, notamment le cuivre pour les véhicules électriques et la production d’énergie renouvelable.

« Fixer l’objectif à un bilan carbone neutre d’ici 2050 est un important pas en avant dans notre engagement à réduire les émissions et à agir sur le changement climatique », a affirmé lundi le chef de la direction de Teck, Don Lindsay, dans un communiqué.

« Le changement climatique est un défi mondial que notre entreprise et notre industrie doivent contribuer à résoudre. »

M. Lindsay n’était pas disponible pour une entrevue.

Lors d’une conférence d’investissement la semaine dernière à Banff, M. Lindsay a indiqué que l’obtention de l’approbation fédérale pour le projet Frontier ne signifiait pas nécessairement qu’il serait construit — la société aura également besoin d’un accès adéquat à un pipeline, de prix appropriés pour ses produits de base et d’un partenaire pour partager les coûts.

Il a défendu le dossier environnemental de Teck lors de l’événement, notant que le gestionnaire de fonds BlackRock était l’un de ses principaux investisseurs et qu’il avait le soutien de son chef de la direction Larry Fink, qui a écrit récemment que « le changement climatique est devenu un facteur déterminant dans les perspectives à long terme des entreprises ».

« Nous avons du carbone, cela ne fait aucun doute. Nous avons du charbon et nous avons du pétrole », a affirmé M. Lindsay à Banff.

« Mais la distinction est que nous avons le bon charbon, pas le mauvais charbon. J’ai parlé à Larry Fink la semaine dernière et BlackRock a fait ses annonces, mais il s’agit de charbon thermique. Environ 99 % du charbon que nous avons est du charbon à coke de haute qualité, du charbon de sidérurgie. […] Cette institution est l’un de nos cinq premiers actionnaires et elle l’est toujours et elle ne va pas vendre. »

Un engagement creux, dit Greenpeace

Teck a annoncé séparément lundi qu’elle et ses partenaires avaient signé un accord d’achat d’électricité à long terme pour leur nouveau projet d’extraction de cuivre au Chili, ce qui permettra de répondre à environ la moitié de ses besoins d’exploitation en électricité avec des sources d’énergie renouvelables.

Mais selon Keith Stewart, un militant de Greenpeace, puisque Teck détient 21,3 % du projet d’exploitation des sables bitumineux de Fort Hills, exploité par Suncor Énergie, et qu’il cherche à faire réaliser le projet Frontier, son engagement est creux.

« Si Teck est sérieux au sujet de cet engagement, alors elle doit se retirer du secteur pétrolier », a-t-il déclaré dans un courriel.

« Vous ne pouvez pas promettre d’arrêter d’utiliser des moteurs à combustion interne dans votre propre entreprise dans le cadre d’un plan zéro émission, puis sortir et investir 20 milliards pour construire une nouvelle mine de sables bitumineux de 260 000 barils par jour pour mettre de l’essence et du diesel dans les véhicules d’autres personnes pour les 50 prochaines années. »

Dans un rapport publié lundi, le cabinet de conseil Deloitte a classé « Le chemin de la décarbonisation » comme l’un des 10 principaux défis auxquels le secteur minier sera confronté en 2020 et au-delà.

L’engagement de Teck est le dernier d’une série de promesses de réduction de carbone de la part d’entreprises industrielles.

Le mois dernier, le producteur de sables bitumineux Cenovus Energy s’est donné pour cible d’atteindre un niveau « zéro » net d’émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050. Il a ajouté avoir l’intention de réduire ses émissions par baril de 30 % d’ici 2030, tout en gardant ses émissions totales à un niveau stable.

Le géant espagnol de l’énergie Repsol, qui produit du pétrole et du gaz naturel au Canada, a annoncé à la fin de l’année dernière qu’il tenterait d’atteindre le niveau « zéro émission nette » à l’échelle mondiale d’ici 2050 grâce à la technologie, à des augmentations de la production de biocarburants et de produits chimiques à faible empreinte carbone et à l’expansion de la production d’électricité à faible émission de carbone.