(Montréal) Cannara Biotech peut officiellement démarrer sa production de cannabis à Farnham. L’entreprise vient d’obtenir son permis de Santé Canada pour la transformation et la vente à des fins médicales, mais c’est avec la Société québécoise du cannabis (SQDC) que Cannara veut faire affaire.

Selon les informations publiées par Cannara, la phase 1 de l’usine prévoit une superficie de production intérieure de 170 000 pieds carrés. Le projet en entier, installé dans l’ancienne usine de tapis de Beaulieu Canada entièrement rénovée, vise l’exploitation d’une superficie totale de 625 000 pieds carrés.

Jusqu’à maintenant, l’entreprise québécoise dont le siège social est établi à Montréal a investi entre 35 et 40 millions, sans compter l’acquisition du bâtiment industriel du boulevard Magenta est.

Le chef des opérations au Canada de Cannara Biotech, Barry Laxer, explique que toute l’équipe de direction habite la région de Montréal et qu’elle cherchait donc un lieu de production au Québec, près de la métropole, et assez grand pour ne pas avoir à éventuellement déménager les opérations.

« Ce que nous avons construit, c’est l’usine de cannabis 100 % intérieure la plus moderne au Québec. C’est quelque chose de spécial. C’est un laboratoire, c’est une usine. Ce n’est pas une serre. La température, la lumière, tout l’environnement est contrôlé pour obtenir le meilleur résultat », décrit M. Laxer qui vise principalement le marché récréatif et non médical.

D’après le chef des opérations, Santé Canada octroie un premier permis permettant la production et la vente à des fins médicales, mais aussi la revente « business to business ». Par la suite, après avoir obtenu quelques récoltes de qualité, les producteurs peuvent solliciter un permis de culture pour fins récréatives.

« Toute notre planification vise à produire pour le marché récréatif. Notre première intention, c’est de commencer à négocier avec la SQDC parce que c’est le premier client avec qui l’ont veut faire affaire », a déclaré Barry Laxer qui espère déposer sa demande de permis pour le marché récréatif d’ici quatre à cinq mois.

Si la loi permet officiellement à Cannara Biotech de commencer ses activités de production dès maintenant, l’entreprise aura peut-être besoin de quelques jours pour se procurer les plants et le matériel nécessaire au démarrage.

« La loi dit que l’on peut commencer aussitôt que l’on obtient le permis, mais c’est un peu compliqué parce que c’est difficile d’avoir les plantes, puisque ce n’est pas légal, avant d’avoir le permis. Pour opérer en respect avec la loi, on devrait pouvoir commencer très bientôt lundi, mardi ou mercredi. On a 24 heures pour trouver tout le matériel pour commencer », a expliqué M. Laxer.

Chaque récolte nécessite environ trois à quatre mois de croissance. Ce à quoi il faut ajouter environ un mois supplémentaire pour les étapes de séchage et de contrôle de la qualité avant la distribution.

Une centaine d’emplois à Farnham

Cette première étape de production devrait entraîner la création d’une centaine d’emplois à Farnham. Pour l’instant, Barry Laxer dit avoir embauché entre 30 et 40 personnes au total en comptant le personnel administratif à Montréal et le personnel de production à Farnham.

Il faudra probablement attendre jusqu’à l’été avant que l’usine ne prenne véritablement son erre d’aller et atteigne la pleine capacité de production de sa première phase.

« On a vingt salles de production, mais on y va salle par salle. Ça pourrait prendre jusqu’à six mois pour être à pleine capacité, mais ça va aussi dépendre d’une entente avec la SQDC », précise le patron de Cannara.

En entrevue à La Presse canadienne, le maire de Farnham Patrick Melchior s’est réjoui de cette annonce qui était attendue depuis plusieurs mois.

« C’est une bonne nouvelle ! On est allé visiter les installations terminées, il y a deux semaines, et à ce moment-là on savait que c’était imminent pour l’obtention du permis », a commenté le maire qui parle d’impacts économiques directs et indirects importants pour sa municipalité.

En tant qu’ex-intervenant en toxicomanie et auprès des adolescents, M. Melchior admet que le fait d’accueillir une usine de cannabis l’a un peu dérangé au départ. Toutefois, comme la substance est désormais légale, il dit préférer que la production et la consommation soient bien encadrées.

Patrick Melchior souligne également que le projet de Cannara s’inscrit dans une ère de renouveau pour la petite ville industrielle et ferroviaire. « On sent que ce qui se passe est très intéressant. En matière de vitalité économique, on est passé de la 383e position à la 330e et en immobilier on bat des records d’année en année », mentionne-t-il.