(Washington) Banni à vie du secteur bancaire et 17,5 millions d’amende pour échapper à l’ire des autorités. John Stumpf, PDG de la banque américaine Wells Fargo pendant onze ans, doit payer le prix fort pour les errements de l’institution sous sa houlette.

Ces sanctions, négociées dans le cadre d’un accord à l’amiable annoncé jeudi par l’un des principaux régulateurs bancaires du pays, sont exceptionnelles. Même les artisans de la crise financière de 2008, qui a mis l’économie mondiale à genoux, s’en sont mieux sortis.

Les poursuites contre M. Stumpf, PDG de 2005 à 2016, sont abandonnées par l’administration en échange du versement de cette amende, précise un communiqué de l’Office of the Comptroller of the Currency (OCC), le principal régulateur du secteur bancaire aux États-Unis en dehors de la Banque centrale.

Entre autres pratiques commerciales douteuses, Wells Fargo - un des principaux établissements financiers du pays - avait ouvert des millions de comptes fictifs jusqu’à 2016 pour que les agents atteignent leurs objectifs de vente. Une fois que le scandale avait éclaté, l’établissement avait tardé à faire le ménage.

L’autorité poursuit par ailleurs l’ancienne responsable de la banque de détail Carrie Tolstedt, partie à la retraite en 2016, et lui réclame 25 millions de dollars d’amende.

Quatre autres responsables de Wells Fargo ont aussi été frappés d’amendes diverses allant de 500 000 à 5 millions de dollars.

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Le régulateur dresse un portrait dévastateur de M. Stumpf, qui avait lui-même dirigé la banque de détail entre 2002 et 2005. Il avait ensuite pris la tête de Wells Fargo jusqu’en octobre 2016, quand il a été forcé de prendre la porte.

L’OCC estime que le modèle économique de la banque « imposait des objectifs de vente déraisonnables à ses employés accompagnés d’une pression hors de proportion pour les atteindre ».

M. Stumpf,  juge l’OCC, a manqué à son devoir de supervision et n’a pas cru bon de s’informer suffisamment sur les pratiques commerciales, ignorant « de nombreux signaux d’alarme ».

L’OCC note toutefois à la décharge de M. Stumpf qu’il a reconnu sa responsabilité et qu’il a renoncé à quelque 70 millions de dollars en salaire, primes et autres indemnisations en actions.