(Calgary) L’industrie pétrolière et gazière doit intensifier ses efforts pour lutter contre le changement climatique ou risquer de devenir socialement inacceptable et non rentable, estime un nouveau rapport de l’Agence internationale de l’énergie (AIE).

« Aucune entreprise d’énergie ne sera épargnée par les transitions vers l’énergie propre », a affirmé lundi le directeur général de l’AIE, Fatih Birol.

Le monde veut des services énergétiques et des réductions d’émissions en même temps, observe le rapport. Les pressions sociales sur l’industrie augmentent, a-t-il noté, soulignant l’opposition croissante aux nouveaux projets d’infrastructure dans certaines zones et les interdictions de fracturation hydraulique.

« Chaque secteur de l’industrie doit réfléchir à la manière de réagir. Ne rien faire n’est tout simplement pas une option. »

Certaines entreprises ont pris des mesures pour lutter contre le changement climatique, mais le rapport fait valoir que l’industrie dans son ensemble pourrait en faire plus.

L’industrie nécessite une variété d’approches en fonction de la situation de chaque entreprise, ajoute le rapport, qui a été produit en coopération avec le Forum économique mondial et sera présenté mardi lors de la réunion annuelle de l’organisation à Davos, en Suisse.

La « tâche immédiate » pour l’industrie est de réduire son empreinte environnementale opérationnelle, a affirmé M. Birol.

Selon le rapport, environ 15 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre liées à l’énergie proviennent de l’extraction de pétrole et de gaz naturel du sol et de leur livraison jusqu’aux consommateurs.

« Une grande partie de ces émissions peuvent être réduites relativement rapidement et facilement », a estimé M. Birol.

La mesure la plus importante et la plus efficace au chapitre des coûts serait de réduire les fuites de méthane dans l’atmosphère, selon le rapport. D’autres mesures comprennent l’intégration des énergies renouvelables et de l’électricité à faible émission de carbone dans les nouveaux développements en amont et en gaz naturel liquéfié (GNL).

Le rapport fait valoir que l’industrie et ses ressources et compétences « seront essentielles » pour aider certaines technologies énergétiques propres à forte intensité en capitaux, comme l’hydrogène à faible teneur en carbone et les biocarburants, à atteindre leur maturité. Il ajoute que l’accroissement de la portée de ces technologies et la réduction de leurs coûts nécessitent des qualités dont dispose l’industrie, comme des capacités d’ingénierie à grande échelle et de gestion de projet.

« Sans l’apport de l’industrie, ces technologies pourraient tout simplement ne pas atteindre l’ampleur nécessaire pour faire évoluer la situation des émissions », a expliqué M. Birol.

En moyenne, les sociétés pétrolières et gazières investissent environ 1 % de leurs dépenses en investissement totales dans des domaines jugés non essentiels — la plus grande partie étant dans le solaire photovoltaïque et l’éolien. Celles qui dépensent le plus à ce chapitre y consacrent environ 5 %. Le rapport conclut ainsi qu’« un changement beaucoup plus important » dans l’allocation des dépenses d’investissement sera nécessaire pour accélérer les transitions énergétiques.

Le secteur de l’énergie peut se transformer sans l’aide de l’industrie pétrolière et gazière, indique le rapport, mais c’est une voie plus difficile et plus coûteuse.

« Quelle que soit la voie suivie par le monde, les impacts climatiques deviendront plus visibles et plus graves au cours des prochaines années, augmentant la pression sur tous les éléments de la société pour trouver des solutions. Ces solutions ne peuvent pas être trouvées dans le paradigme pétrolier et gazier d’aujourd’hui. »