De nouveau en difficulté financière, Clair de lune s’apprête à fermer 44 magasins sur 70 au cours des prochains jours. Son président, Albert Levy, montre du doigt les achats en ligne et les loyers trop élevés dans les centres commerciaux. 

Le détaillant montréalais, qui emploie environ 300 personnes, s’est placé à l’abri de ses créanciers le 17 décembre en vertu de la Loi sur la faillite et l’insolvabilité.

Les documents officiels rédigés par le syndic à l’avis d’intention, Arthur Blumer de Litwin Boyadjian, ne permettent pas de connaître le total des dettes. Mais M. Levy a précisé à La Presse qu’elles atteignaient 9 millions de dollars. La CIBC est le principal prêteur garanti avec une créance d’environ 2,5 millions.

Jusqu’ici, 44 avis de résiliation de baux ont été transmis aux propriétaires des centres commerciaux. La plupart des magasins fermeront le 23 janvier, les autres dans les jours qui suivront.

D’ici là, la liquidation des stocks – des articles de décoration, des bougies et des lampes aromatiques, essentiellement – se poursuit. Des rabais allant jusqu’à 80 % sont affichés.

On n’est plus capables de payer les loyers, de supporter la compétition d’internet, la hausse du salaire minimum. On n’est plus capables.

Albert Levy, président de Clair de lune, lors d’un entretien téléphonique avec La Presse

Celui qui a fondé Clair de lune avec son frère Jimmy en 1996 déplore que les centres commerciaux exigent « des prix de fous » alors que l’achalandage a diminué « d’au moins 30 % » dans la dernière année. Il affirme avoir été incapable de négocier des baisses de loyers malgré ses efforts en ce sens.

Albert Levy précise que la destinée des magasins qui demeureront ouverts sera dirigée par son frère. « Moi, je prends ma retraite. Je ne sais pas. Je vais faire autre chose. Je n’ai aucune idée. Le détail, c’est bien compliqué. »

Un troisième rachat pour les deux frères

Clair de lune s’était aussi placée à l’abri de ses créanciers en 2013. Ses dettes atteignaient alors 10 millions (dont 5 millions dus à la BMO) et une partie des 65 magasins de l’époque avait fermé leurs portes.

L’entreprise avait alors évoqué une baisse de fréquentation des centres commerciaux après le départ de Zellers et de Hart pour expliquer ses problèmes de liquidités. L’état général de l’économie et le lancement coûteux d’une nouvelle enseigne (Kasa Living) avaient aussi été montrés du doigt.

Quelques mois après avoir déposé un avis d’intention, les frères Levy avaient racheté les actifs – mais pas les dettes – de leur entreprise. Ils prévoyaient alors continuer d’exploiter 44 magasins sur 66 situés au Québec et en Ontario.

Les hommes d’affaires avaient aussi racheté leur entreprise en 2007, trois ans après l’avoir vendue au fonds d’investissement américain Gordon Brothers.