(Montréal) Les ministres fédéraux des Transports et du Travail, Marc Garneau et Filomena Tassi, ont discuté avec des hauts dirigeants du syndicat des machinistes pour tout le Canada et avec la direction de Swissport, alors que la grève se poursuit aux aéroports Montréal-Trudeau et Mirabel.

Tant le syndicat, l’Association internationale des machinistes et des travailleurs de l’aérospatiale (AIMTA), affiliée à la FTQ, que l’employeur et le cabinet de la ministre fédérale du Travail ont confirmé l’information, mercredi.

Le cabinet de la ministre Tassi a confirmé que ce sont les deux ministres qui se sont entretenus au téléphone, tant avec l’AIMTA qu’avec la direction de l’employeur Swissport Fuelling Services. Le cabinet a soutenu qu’il s’agissait d’une « pratique habituelle ». Et il n’a pas voulu commenter davantage.

PHOTO GRAHAM HUGHES, THE CANADIAN PRESS

Un camion-citerne Swissport sur le tarmac de l'aéroport Trudeau de Montréal.

Fait particulier : le syndicat a précisé que les deux ministres ont contacté les dirigeants du « district 140 », qui regroupe tous les syndiqués de l’AIMTA dans le transport aérien au Canada, et non seulement ceux de la section locale qui est touchée par la grève.

« Ils voulaient avoir un petit briefing sur l’évolution des négos, comment ça se passait et quelles étaient nos intentions et sur quels points les négociations bloquaient. Ils ont voulu s’adresser aux plus hauts représentants de ce district-là, parce que ça regroupe tous nos membres dans le transport aérien au Canada », a-t-on indiqué à l’AIMTA.

Les ministres ont aussi souhaité un règlement rapide du dossier, à la satisfaction des deux parties.

Grève et médiation

La grève chez Swissport Fuelling Services, qui s’occupe de l’avitaillement d’avions aux aéroports Montréal-Trudeau et Mirabel, a été déclenchée le 31 décembre par une centaine de syndiqués.

Les principaux points en litige sont la rémunération et les assurances collectives.

Le processus de médiation qui a été mis en place par le ministère fédéral du Travail, en octobre dernier, est toujours en cours.

Du côté de Swissport Fuelling Services, le vice-président aux ressources humaines, Louis-Philippe Charland, a précisé que « les deux parties se sont rencontrées cet après-midi (mercredi) en présence du médiateur pour échanger sur les propositions présentées par le syndicat lundi. Suite à ces discussions, le médiateur a demandé aux parties de retourner travailler leurs positions, afin de pouvoir poursuivre le processus de négociation ».

Malgré la grève, les activités d’avitaillement des avions sont maintenues sans problème ni délai, a déjà indiqué l’employeur. En vertu du Code canadien du travail, l’employeur peut légalement avoir recours à des travailleurs de remplacement pendant une grève.

« Swissport est déterminée à conclure une entente satisfaisante pour tous et suivra la recommandation du médiateur. Pendant ce temps, notre équipe continue d’assurer la continuité des activités à YUL et YMX et de bien servir nos clients », a ajouté M. Charland.

Les syndiqués concernés occupent des postes de ravitailleurs d’avions, mécaniciens, répartiteurs et travailleurs d’entretien d’installations de stockage de carburant.

Effets du « contract flipping »

Par ailleurs, l’AIMTA, qui représente 22 000 travailleurs dans tous les grands aéroports du Canada, a fait parvenir une lettre aux deux ministres et au premier ministre Justin Trudeau, dans laquelle le syndicat s’inquiète de la pratique du « contract flipping » et de ses effets à la baisse sur les conditions de travail.

Le « contract flipping » consiste en un changement de sous-traitant par un donneur d’ouvrage, à la suite d’un appel d’offres pour trouver le plus bas soumissionnaire. Lorsque le sous-traitant perd son contrat, il licencie ses employés. Ceux-ci sont souvent réembauchés par le nouveau sous-traitant, dans le même poste qu’ils occupaient, mais à des conditions moindres que chez le précédent employeur.

Dans le cas de Swissport à Montréal, « des travailleurs avec 25 ans d’expérience se sont retrouvés devant le choix de changer d’emploi ou de postuler pour le même emploi, en acceptant un recul majeur de leurs conditions de travail », écrit le syndicat dans sa lettre.

« Pour un agent de ravitaillement d’expérience, Swissport offre une rémunération d’environ 16 $ l’heure, alors qu’avant 2016, pour réaliser les mêmes tâches, au même endroit, avec les mêmes responsabilités, les mêmes horaires et le même équipement, l’employeur précédent offrait 24 $ l’heure. C’est inacceptable », écrit le président-directeur général du district 140 de l’AIMTA, Fred Hospes.

Il demande donc au gouvernement fédéral de voir à ce qu’il y ait transmission des droits des travailleurs et de la convention collective lorsqu’un contrat passe d’un employeur à un autre.