L’action de Transat A. T. a chuté lundi de 8,8 %, après que la société a affiché vendredi des résultats jugés décevants pour son plus récent trimestre.

Le voyagiste a terminé une année financière désastreuse en dévoilant, vendredi, après la fermeture des marchés, une perte nette attribuable aux actionnaires de 238,1 millions. Ses revenus ont plongé de 96 % par rapport à l’an dernier.

« Aucune compagnie n’est conçue pour fonctionner avec des revenus près de zéro pendant neuf mois », a observé lundi le président et chef de la direction de Transat, Jean-Marc Eustache, lors d’une conférence téléphonique avec des analystes.

« Le simple fait que nous soyons toujours debout est attribuable à la vigueur de notre bilan avant la pandémie et à la rapidité à laquelle nous nous sommes ajustés pour protéger notre argent. »

Les actionnaires de Transat A. T. doivent se prononcer mardi prochain sur la nouvelle mouture de la transaction avec Air Canada. La plus importante compagnie aérienne au pays offre désormais 5 $ pour chaque action du voyagiste dans le cadre d’une offre évaluée à 190 millions.

Son offre précédente était de 18 $ par action pour une valeur de 720 millions.

Lors de la conférence téléphonique, M. Eustache a recommandé aux actionnaires d’approuver la transaction, mais il a précisé que la société prenait tout de même des mesures pour améliorer sa position financière, dans l’éventualité où le regroupement avec Air Canada devait échouer.

« Nous avons dit à plusieurs reprises dans le passé que l’alliance avec Air Canada était la meilleure façon d’aller de l’avant pour Transat et tous ses actionnaires, et c’est encore plus vrai dans le contexte de la pandémie », a-t-il affirmé.

Dans une note transmise après la publication des résultats, l’analyste Benoit Poirier, de Desjardins Marchés des capitaux, a estimé que l’avenir de Transat serait incertain si l’entente n’allait pas de l’avant, ajoutant que les initiatives mises en place pour conserver de l’argent étaient moins importantes que prévu.

Transat A. T. s’attend à ce que la Commission européenne — dont le feu vert est essentiel — se prononce sur sa vente à Air Canada vers le 9 février. La décision de Transport Canada est également attendue. La date butoir entourant la vente du voyagiste a été fixée au 15 février.

Industrie éprouvée par la crise

Transat a été particulièrement secouée par la crise sanitaire, qui a provoqué une fermeture des frontières à l’international, ce qui a ébranlé le secteur du transport aérien et celui du tourisme en raison d’un effondrement de la demande.

Les lignes aériennes canadiennes ont réclamé une aide sectorielle au gouvernement fédéral, mais Ottawa n’a encore rien annoncé du genre, se contentant de dire qu’une telle aide serait conditionnelle au remboursement des tarifs pour les consommateurs dont les vols ont été annulés en raison de la pandémie.

Plusieurs groupes de défense des droits des consommateurs ont exhorté les lignes aériennes de rembourser les voyageurs touchés, plutôt que de leur donner des bons pour de futurs voyages.

Les compagnies aériennes ont répondu au ralentissement de la demande en réduisant leurs services. La semaine dernière, Air Canada a indiqué qu’elle annulerait certaines liaisons dans le Canada atlantique et qu’elle suspendrait temporairement d’autres vols — une décision que certains exploitants d’aéroports locaux ont jugé dévastatrice pour l’économie de la région.

M. Eustache a souligné lundi que l’absence d’aide de la part d’Ottawa faisait en sorte que les concurrents étrangers seraient mieux positionnés que les entreprises nationales pour profiter de la reprise lorsque la crise sanitaire se résorbera.

Abstraction faite des éléments non récurrents, la compagnie a vu sa perte ajustée s’établir à 156,4 millions, ou 4,14 $ par action, au cours du dernier trimestre de son exercice, par rapport à un bénéfice ajusté de 30,1 millions, ou 80 cents par action, il y a un an.

Ses revenus du quatrième trimestre n’ont été que de 28,4 millions, comparativement à 664,8 millions à la même période il y a un an.

Les analystes anticipaient une perte ajustée par action de 2,35 $ ainsi qu’un chiffre d’affaires trimestriel de 138,5 millions, selon les prévisions recueillies par la firme de données financières Refinitiv.

Pour l’ensemble de son exercice, Transat A. T. a perdu 496,5 millions, ou 13,15 $, alors que ses revenus se sont établis à 1,3 milliard. En 2019, sa perte nette s’était chiffrée à 32,3 millions, ou 86 cents par action, sur des recettes de 2,9 milliards.