(Montréal) GardaWorld met davantage d’argent sur la table en bonifiant d’environ 24 % son offre hostile pour acquérir le numéro un mondial de la sécurité G4S, toujours convoité par une société américaine qui compte la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) parmi ses principaux actionnaires.

La multinationale québécoise a dévoilé mercredi une proposition « finale », valide jusqu’au 16 décembre, de 235 pence par action, ce qui confère à G4S une valeur d’environ 6,3 milliards. Son offre précédente de 190 pence, évaluée à près de 5,2 milliards, avait été rejetée par le conseil d’administration de G4S et avait n’avait pas été en mesure de rallier les investisseurs.

Pour le fondateur, président et chef de la direction de GardaWorld Stéphan Crétier, les actionnaires de l’entreprise établie à Londres ont une décision à prendre : conserver leur investissement dans une société qui a été incapable de livrer la marchandise au cours des dernières années ou accepter une somme d’argent qui s’accompagne d’une prime alléchante.

« G4S a constamment été affaiblie par une équipe de direction ayant détruit l’équivalent d’un milliard de livres sterling de valeur au cours des sept dernières années, gaspillé des centaines de millions de dollars dans des programmes de restructuration qui n’ont pas eu d’effets sur les marges », a-t-il fait valoir dans une déclaration.

La société britannique se penchera sur la nouvelle offre de GardaWorld, mais parallèlement, elle continue d’échanger avec Allied Universal Services, détenue à environ 35 % par la CDPQ — un investissement qui a été critiqué à maintes reprises par M. Crétier au cours des dernières semaines.

Allied, qui avait elle aussi vu son offre hautement conditionnelle, évaluée à 5,7 milliards, être rejetée par G4S, a jusqu’au 9 décembre pour revenir à la charge. Allied n’avait pas répondu, mercredi avant-midi, à une demande d’information de La Presse Canadienne envoyée par courriel.

Un point de départ ?

À la Bourse de Londres, le titre de G4S a bondi de 7,42 %, mercredi, pour clôturer à 246 pence — au-delà du prix offert par GardaWorld, ce qui laisse croire que les investisseurs s’attendent à une surenchère. Il s’agit du scénario sur lequel table l’analyste Tyler Tebbs, établi à Londres pour la firme Louis Capital. Au cours d’un entretien téléphonique, il a évoqué un prix de 250 pence par action.

« C’est un point de départ réaliste, a dit M. Tebbs, à propos de la nouvelle proposition de GardaWorld. Les véritables enchères peuvent maintenant commencer. On verra ce qu’Allied fera. L’entreprise est en pourparlers avec G4S alors nous pouvons nous attendre à une offre. »

Les échanges se sont envenimés entre la CDPQ et M. Crétier, qui estime que le bas de laine des Québécois lui met des bâtons dans les roues en étant aux côtés d’une compagnie qui tente de lui damer le pion. Dans une récente entrevue accordée à Radio-Canada, l’homme d’affaires avait exprimé des craintes pour son entreprise s’il perdait le combat pour G4S, alors que le secteur de la sécurité est en pleine consolidation.

Pour sa part, la Caisse a réfuté les critiques du patron de GardaWorld en affirmant qu’elle était prête à l’épauler financièrement dans le cadre de son offre hostile pour G4S et que c’est M. Crétier qui a préféré se tourner, à la dernière minute, vers un financement proposé par un syndicat bancaire ainsi qu’une proposition de la société d’investissement américaine HPS Investment Partners.

GardaWorld a expliqué que sa nouvelle offre pour G4S proposait un plan de support d’environ 1,3 milliard pour régler ce qui a été présenté comme des « problèmes » entourant le régime de retraite de la société britannique. La nouvelle proposition ne nécessite désormais que l’approbation d’une majorité simple des porteurs de titres de G4S, au lieu de 90 % auparavant.

Fondée il y a plus de 25 ans, GardaWorld emploie plus de 102 000 salariés en Amérique du Nord, en Afrique, en Asie ainsi qu’au Moyen-Orient. Pour sa part, G4S est présente dans 85 pays, dont le Canada, et compte plus de 533 000 salariés.